dimanche 14 avril 2024

Le monde comme il va - Vision de Babouc Voltaire 2/4( Nouvelle France )

 






                                                             Le monde comme il va

                                                                          Vision de  Babouc

                                         ( écrite par lui-même )  suite 2

            Cependant le soleil approchait du haut de sa carrière. Babpic devait aller dîner à l'autre bout de la ville, chez une dame pour laquelle son mari, officier de l'armée, lui avait donné des lettres. Il fit d'abord  plusieurs tours dans Persépolis ; il vit d'autres temples mieux bâtis et mieux ornés, remplis d'un peuple poli et retentissant d'une musique harmonieuse ; il remarqua des fontaines publiques, lesquelles, quoique mal placées frappaient les yeux par leur beauté ; des places où semblaient respirer en bronze les meilleurs rois qui avaient gouverné la Perse ; d'autres places où il entendait le peuple s'écrier :
            - Quand verrons-nous ici le maître que nous chérissons ? 
            Il admira les ponts magnifiques élevés sur le fleuve, les quais superbes et commodes, les palais bâtis à droite et à gauche, une maison immense où des milliers de vieux soldat blessés et vainqueurs rendaient chaque jour grâces au Dieu des armées. Il entra enfin chez la dame qui l'attendait à dîner avec une compagnie d'honnêtes gens. La maison était propre et ornée, le repas délicieux. La dame jeune, belle, spirituelle, engageante, la compagnie digne d'elle, et Babouc disait en lui-même à tout moment :
            " L'ange Iturel se moque du monde de vouloir détruire une ville si charmante. "

            Cependant il s'aperçut que la dame qui avait commencé par lui demander tendrement des nouvelles de son mari, parlait plus tendrement encore vers la fin du repas à un jeune mage. Il vit un magistrat qui, en présence de sa femme, pressait avec vivacité une veuve, et cette veuve indulgente avait une main passée autour du cou du magistrat tandis qu'elle tendait l'autre à un jeune citoyen très beau et très modeste. La femme du magistrat se leva de table la première pour aller entretenir dans un cabinet voisin son directeur qui arrivait trop tard et qu'on avait attendu à dîner. Et le directeur homme éloquent lui parla dans ce cabinet lui parla avec tant de véhémence et d'onction que la dame avait, quand elle revint, les yeux humides, les joues enflammées, la démarche mal assurée, la parole tremblante.
            Alors Babouc commença à craindre que le génie Iturel n'eût raison. Le talent qu'il avait d'attirer la confiance le mit dès le jour même dans les secrets de la dame : elle lui confia son goût pour le jeune mage et l'assura que dans toutes les maisons de Persépolis il trouverait l'équivalent de ce qu'il avait vu dans la sienne. Babouc conclut qu'une telle société ne pouvait subsister ; que la jalousie, la discorde, la vengeance devaient désoler toutes les maisons ; car les larmes et le sang devaient couler tous les jours ; que certainement les maris tueraient les galants de leurs femmes ou en seraient tués ; et qu'enfin Ituriel ferait fort bien de détruire tout d'un coup une ville abandonnée à de continuels désordres.

            Il était plongé dans ces idées funestes, quand il se présenta à la porte un homme grave, en manteau noir, qui demanda humblement à parler au jeune magistrat. Celui-ci, sans se lever, sans le regarder, lui donna fièrement et d'un air distrait quelques papiers et le congédia. Babouc demanda quel était cet homme. La maitresse de la maison lui dit tout bas :
            - C'est un des meilleurs avocats de la ville ; il y a cinquante ans qu'il étudie les lois, Monsieur, qui n'a que vingt cinq ans et qui est satrape de la ville depuis deux jours lui donne à faire l'extrait d'un procès qu'il doit juger, qu'il n'a pas encore examiné.
            - Ce jeune étourdi fait sagement, dit Babouc, de demander conseil à un vieillard, mais pourquoi n'est-ce pas ce vieillard qui est juge ?
            - Vous vous moquez, lui dit-on, jamais ceux qui ont vieilli dans les emplois laborieux et subalternes ne parviennent aux dignités. Ce jeune homme a une grande charge parce que son père est riche et qu'ici le droit de rendre la justice s'achète comme une métairie.
            - Ô mœurs ! ô malheureuse ville ! s'écria Babouc ; voilà le comble du désordre ; sans doute, ceux qui ont ainsi acheté le droit de juger vendent leurs jugements ; je ne vois ici que des abîmes d'iniquité.
            Comme il marquait ainsi sa douleur et sa surprise, un jeune guerrier, qui était revenu ce jour même de l'armée,  lui dit :
            - Pourquoi ne voulez-vous pas qu'on achète les emplois de la robe ? J'ai bien acheté, moi, le droit d'affronter la mort à la tête de deux mille hommes, que je commande ; il m'en a coûté quarante mille dariques d'or cette année pour coucher sur la terre trente nuits de suite en habit rouge, et pour recevoir ensuite deux bons coups de flèches dont je me sens encore. Si je me ruine pour servir l'empereur persan, que je n'ai jamais vu, Mr le satrape de robe peut bien payer quelque chose pour avoir le plaisir de donner audience à des plaideurs.
            Babouc, indigné, ne peut s'empêcher de condamner dans son cœur un pays où l'on mettait à l'encan les dignités de la paix et de la guerre ; il conclut précipitamment que l'on y devait absolument ignorer la guerre et les lois, et que, quand même Ituriel n'exterminerait pas ces peuples, ils périraient par leur détestable administration.
            Sa mauvaise opinion augmenta encore à l'arrivée d'un gros homme qui, ayant salué très familièrement toute la compagnie, s'approcha du jeune officier, et lui dit :
            - Je ne peux vous prêter que cinquante mille dariques d'or, car, en vérité, les douanes de l'empire ne m'on rapporté que trois cent mille cette année.
            Babouc s'informa quel était cet homme qui se plaignait d'avoir gagné si peu ; il apprit qu'il y avait dans Persépolis quarante rois plébéiens qui tenaient à bail l'empire de Perse, et qui en rendaient quelque chose au monarque.  

            Après dîner, il alla dans un des plus superbes temples de la ville ; il s'assit au milieu d'une troupe de femmes et d'hommes qui étaient venus là pour passer le temps. Un mage parut dans une machine élevée, qui parla longtemps du vice et de a vertu. Ce mage divisa en plusieurs parties ce qui n'avait pas besoin d'être divisé ; il prouva méthodiquement tout ce qui était clair ; il enseigna tout ce qu'o savait. Il se passionna froidement et sortit suant et hors d'haleine. Toute l'assemblée alors se réveilla, et crut avoir assisté à une instruction. Babouc dit !
            - Voilà un homme qui fait de son mieux pour ennuyer deux ou trois cents de ses concitoyens ; mais son intention était bonne, et il n'a pas là de quoi détruire Persépolis. 

            Au sortir de cette assemblée on le mena voir une fête publique qu'on donnait tous les jours de l'année : c'était dans une espèce de basilique, au fond de laquelle on voyait un palais. Les plus belles citoyennes de Persépolis, les plus considérables satrapes, rangés avec ordre, formaient un spectacle si beau, que Babouc crut d'abord que c'était là toute la fête. Deux ou trois personnes, qui paraissaient des rois et des reines, parurent bientôt dans le vestibule de ce palais ; leur langage était très différent de celui du peuple ; il était mesuré, harmonieux et sublime. Personne ne dormait, on écoutait dans un profond silence, qui n'était interrompu que par le témoignage de la sensibilité et de l'admiration publique. Le devoir des rois, l'amour de la vertu, les dangers des passions, étaient exprimés par des traits si vifs et si touchants que Babouc versa des larmes. Il ne douta pas que ces héros et ces héroïnes, ces rois et ces reines qu'il venait d'entendre, ne fussent les prédicateurs de l'empire ; il se proposa même d'engager Ituriel à le venir entendre, bien sûr qu'un tel spectacle le réconcilierait pour jamais avec la ville.                                                                                                           
            Dès que cette fête fut finie, il voulut voir la principale rei               Picsou-Wilki
ne qui avait débité dans ce beau palais une morale si noble et si pure ; il se fit introduire chez Sa Majesté ; on le mena par un petit escalier, au second étage, dans un appartement mal meublé, où il trouva une femme mal vêtue qui lui dit d'un air noble et pathétique :
            - Ce métier ne me donne pas de quoi vivre ; un des princes que vous avez vus m'a fait un enfant ; j'accoucherai bientôt ; je manque d'argent, et sans argent on n'accouche point.
            Babouc lui donna cent dariques d'or, en disant ::
            - S'il n'y avait que ce mal-là dans la ville, Ituriel aurait tort de se tant fâcher. 
            De là il alla passer la soirée chez des marchands de magnificences inutiles. Un homme intelligent avec lequel il avait fait connaissance, l'y mena ; il acheta ce qui lui plut, et on lui vendit avec politesse beaucoup plus qu'il ne valait. Son ami, de retour chez lui, lui fit voir combien on le trompait. Babouc mit sur ses tablettes le nom du marchand pour le faire distinguer par Ituriel au jour de la punition de la ville. Comme il écrivait, on frappa à sa porte ; c'était le marchand lui-même qui venait lui rapporter sa bourse, que Babouc avait laissé par mégarde sir son comptoir.
           - Comment se peut-il, s'écria Babouc, que vous soyez si fidèle et si généreux, après n'avoir pas eu de honte de me vendre des colifichets quatre fois au-dessus de leur valeur ? 
          - Il n'y a aucun négociant un peu connu dans cette ville, lui répondit le marchand, qui ne fut venu vous rapporter votre bourse, mais on vous a trompé quand on vous a dit que je vous avais vendu ce que vous avez pris chez moi quatre fois plis qu'il ne vaut :  je vous l'ai vendu dix fois davantage, et cela est si vrai que, si dans un mois vous voulez le revendre, vous n'en aurez pas même ce dixième. Mais rien n'est plus juste ; c'est la fantaisie des hommes qui met le prix à ces choses frivoles ; c'est cette fantaisie qui fait vivre cent ouvriers que j'emploie ; c'est elle qui me donne une belle maison, un char commode, des chevaux ; c'est elle qui excite l'industrie, qui entretient le goût, la circulation et l'abondance. Je vends aux nations voisines les mêmes bagatelles plus chèrement qu'à vous, et par là je suis utile à l'empire.
            Babouc, après avoir un peu rêvé, le raya de ses tablettes.


                                                      à suivre.......... 3

            Babouc.....




















                                                            



























                                                                                                  
            























dimanche 31 mars 2024

Le monde comme il va - Vision de Babouc Voltaire 1/4( Nouvelle France )

 





         





                                                     Le monde comme il va

                                                                          Vision de  Babouc

                                         ( écrite par lui-même )

            Parmi les génies qui président aux empires du monde, Ituriel tient un des premiers rangs, et il a le département du Scythe Babouc, sur le rivage de l'Oxus, et lui dit :

          - Babouc, les folies et les excès des Perses ont attiré notre colère ; il s'est tenu hier une assemblée des génies de la haute Asie pour savoir si on châtierait Persépolis, ou si on la détruirait. Va dans cette ville, examine tout ; tu reviendras m'en rendre un compte fidèle, et je me déterminerai, sur ton rapport, à corriger la ville ou à l'exterminer.
            - Mais, Seigneur, dit humblement Babouc, je n'ai jamais été en Perse, je n'y connais personne.
            - Tant mieux, dit l'ange, tu ne seras point partial ; tu as reçu du Ciel le discernement et j'y ajoute le don d'inspirer la confiance ; marche, regarde, écoute, observe et ne crains rien, tu seras partout bien reçu.
             
            Babouc monta sur son chameau et partit avec ses serviteurs. Au bout de quelques journées il rencontra vers les plaines de Sennaar l'armée persane, qui allait combattre l'armée indienne. Il s'adressa d'abord à un soldat qu'il trouva écarté. Il lui parla et lui demanda quel était le sujet de la guerre.

            - Par tous les dieux, dit le soldat, je n'en sais rien. Ce n'est pas mon affaire ; mon métier est de tuer et d'être tué pour gagner ma vie ; il n'importe qui je serve. Je pourrais bien dès demain passer dans le camp des Indiens : car on dit qu'ils donnent près d'ne demi-drachme de cuivre par jour à leurs soldats de plus que nous n'en avons dans ce maudit service de Perse. Si vous voulez savoir pourquoi on se bat, parlez à mon capitaine.                                                                     chagrinanimalclinic.com


            Babouc ayant fait un petit présent au soldat entra dans le camp. Il fit bientôt connaissance avec le capitaine, et lui demanda le sujet de la guerre/
            - Comment voulez-vous que je le sache ? dit le capitaine, et que m'importe ce beau sujet ? J'habite à deux cents lieues de Persépolis, j'entends dire que la guerre est déclarée ; j'abandonne aussitôt ma famille, et je vais chercher, selon notre coutume, la fortune ou la mort, attendu que je n'ai rien à faire
            - Mais vos camarades, dit Babouc, ne sont-ils pas un peu plus instruits que vous ? 
            - Non, dit l'officier, il n'y a guère que nos principaux satrapes qui savent bien précisément pourquoi on s'égorge.
            Babouc, étonné, s'introduisit chez les généraux ; il entra dans leur familiarité, l'un d'eux lui dit enfin :
            - La cause de cette guerre qui désole depuis 20 ans l'Asie vient originellement d'une querelle entre un eunuque d'une femme d'un grand roi de Perse et un commis du bureau d'un grand roi des Indes
Il s'agissait d'un droit qui revenait à peu près à la trentième partie d'une darique. Le premier ministre des Indes et le nôtre soutinrent dignement les droits de leurs maîtres. La querelle s'échauffa. On mit de part et d'autre en campagne une armée d'un million de soldats. Il faut recruter cette armée tous les ans de plus de quatre cent mille hommes. Les meurtres, les incendies, les ruines, les dévastations se multiplient
L'univers souffre et l'acharnement continue. Notre premier ministre et celui des Indes protestent souvent qu'ils n'agissent que pour le bonheur du genre humain et, à chaque protestation, il y a toujours quelque ville détruite et quelques provinces ravagées.
            Le lendemain, sur un bruit qui se répandit que la paix allait être conclue, le général persan et la général indien s'empressèrent de donner bataille, elle fut sanglante. Babouc en vit toutes les fautes et toutes les abominations ; il fut témoin des manœuvres des principaux satrapes qui firent ce qu'ils purent pour faire battre leur chef. Il vit des officiers tués par leurs propres troupes ; il vit des soldats qui achevaient d'égorger leurs camarades expirant pour leur arracher quelques lambeaux sanglants déchirés et couverts de fange. Il entra dans les hôpitaux où l'on transportait les blessés, dont la plupart expiraient par la négligence inhumaine de ceux mêmes que le roi de Perse payait chèrement pou les secourir.
            - Sont-ce là des hommes, s'écria Babouc, ou des bêtes féroces ? Ah ! je vois bien que Persépolis sera détruite.
            Occupé par cette pensée il passa dans le camp des Indiens : il y fut aussi bien reçu que dans celui des Perses, selon ce qui lui avait été prédit ; mais il y vit tous les mêmes excès qui l'avaient saisi d'horreur.
            " Oh, oh dit-il en lui-même, si l'ange Itureiel veut examiner les Persans, il faut donc que l'ange des Indes détruise aussi les Indiens. "
            S'étant ensuite informé plus en détail de ce qui s'était passé dans l'une et l'autre armée, il apprit des actions de générosité, de grandeur d'âme, d'humanité qui l'étonnèrent et le ravirent.
            " Inexplicables humains, s'écria-t-il, comment pouvez-vous réunir tant de bassesse et de grandeur, tant de vertus et de crimes. ? "
            Cependant la paix fut déclarée. Les chefs des deux armées, dont aucun n'avait remporté la victoire, mais qui, pour leur seul intérêt, avaient fait verser le sang de tant d'hommes, leurs semblables, allèrent briguer dans leurs cours des récompenses. On célébra la paix dans des écrits publics qui n'annonçaient que le retour de la vertu et de la félicité sur la terre.
            - Dieu soit loué ! dit Babouc, Persépolis sera le séjour de l'innocence épurée, elle ne sera point détruite comme le voulait ses vilains génies : courons sans tarder dans cette capitale de l'Asie.

Ciel Voyage en Mongolie
            Il arriva dans cette ville immense par l'ancienne entrée qui était toute barbare et dont la rusticité dégoûtante offensait les yeux. Toute cette partie de la ville se ressentait du temps où elle avait été bâtie car, malgré l'opiniâtreté des hommes à louer l'antique aux dépens du moderne, il faut avouer qu'en tout genre les premiers essais sont toujours grossiers.
            Babouc se mêla dans la foule d'un peuple composé de ce qu'il y  avait de plus sale et de plus laid dans les deux sexes. Cette foule se précipitait d'un air hébété dans un enclos vaste et sombre. Au bourdonnement continuel, au mouvement qu'il y remarqua, à l'argent que quelques personnes donnaient à d'autres pour avoir droit de s'asseoir, il crut être dans un marché où l'on vendait des chaises de paille ; mais bientôt, voyant que plusieurs femmes se mettaient à genoux en faisant semblant de regarder fixement devant elles, et en regardant les hommes de côté, il s'aperçut qu'il était dans un temple. Des voix aigres, rauques, sauvages faisaient retentir la voûte de sons mal articulés, qui faisaient le même effet que les voix des onagres quand elles répondent dans les plaines de Pictaves, au cornet à bouquin qui les appelle. Il se bouchait les oreilles mais il fut prêt encore plus de se boucher les yeux et le nez quand il vit entrer dans le temple des ouvriers avec des pinces et des pelles. Ils remuèrent une large pierre et jetèrent  à droite et à gauche une terre dont s'exhalait une odeur empestée ; ensuite on vint poser un mort dans cette ouverture et on remit la pierre par-dessus.


            - Quoi ! s'écria Babouc, ces peuples enterrent leurs morts dans les mêmes lieux où ils adorent la Divinité ! Quoi leurs temples sont pavés de cadavres ! Je ne m'étonne plus de ces maladies pestilentielles qui désolent souvent Persépolis. La pourriture des morts et celle de tant de vivants rassemblée et pressée dans le même lieu est capable d'empoisonner le globe terrestre. Ah ! la vilaine ville que Persépolis ! Apparemment que les anges veulent détruire pour en bâtir une plus belle et pour la peupler d'habitants moins malpropres, et qui chantent mieux. La Providence peut avoir ses raisons ; laissons-la faire.


                                  à suivre..........

            Cependant le soleil.......





            







mardi 5 mars 2024

 


 


                                                        Bungalow 21

                               ( Sur une idée de Benjamin Castaldi petit-fils de Simone Signoret )

            1960 Los Angeles. Simone Signoret et Yves Montand séjournent au Beverly Hllss Hôtel Bungalow 21.  Le couple Marilyn Monroe Arthur Miller occupent le numéro 20. Ils se connaissent. Signoret et Montand ont joué Miller à Paris, Les Sorcières de Salem. Les hommes s'apprécient et Marilyn Monroe a imposé Montand comme partenaire dans le film qu'ils s'apprêtent à tourner, Baise-moi pour les besoins de la pièce, ce qui crée un quiproquo, ( en réalité Le Milliardaire ), Arthur Miller achève le scénario des Misfits. Petite cuisine amertume lucidité de Miller touché par la culture française il offre '' Les mains sales " de Sartre. Mais Marilyn Monroe Belle Blonde et Champagne Innocence et Caprices offre des cadeaux à celle qui se console avec un Oscar reçu pour son interprétation dans Les Chemins de la Haute. Ville. Pièce douce-amère, simple, jouée par les sœurs Seigner Emmanuelle et Mathilde entre autres, au théâtre de la Madeleine en automne 2023. Pièce légère conversation- bulle de comédiens en pleine gloire. Une Marilyn au talent si particulier. Pièce à lire en écoutant Montand chanter Prévert et Kosma Les feuilles mortes

                                                  YouTube   Yves Montand Les feuilles mortes


                                                



        

samedi 2 mars 2024

Francis Lemarque Rue de Lappe ( Poème Chanson FRANCE )






😊

https://youtu.be/WvomYZICZAs?t=8

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                                                    Lamarque chante Paris
 
                                                         Rue de Lappe
                              
                                               Tous les samedis soirs on allait comm' ça
Dans un bal musette pour danser comm' ça
Dans un vieux quartier fréquenté comm' ça 
Par des danseurs de java comm' ça

Rue de Lappe Rue de Lappe au temps joyeux
Où les frappes où les frappes étaient chez eux
Rue de Lappe Rue de Lappe en ce temps-là
A petits pas on dansait la java
Les Jul's portaient des casquettes
Sur leurs cheveux gominés
Avec de bell's rouflaquettes
Qui descendaient jusqu'au nez
Rue de Lappe Rue de Lappe c'était charmant
Rue de Lappe Rue de Lappe mais plus prudent
Rue de Lappe Rue de Lappe pour les enfants
De les emm'ner ce soir là au ciné
Plutôt que d'aller s'faire assassiner
Passez la monnaie passez la monnaie et ça tournait    
Et plus ça tournait et plus ça tournait plus ça coûtait    
Qu'est c'que ça coûtait qu'est c'que ça coûtait quelques tickets   
Mais on n'les payait mais on n'les payait presque jamais
Ceux qui n'sortaient pas de Politechnique    
Pour la politesse avaient leur technique    
Avec les gonzesses c'était à coup d'trique    
Qu'ils discutaient politique comm' ça

Rue de Lappe Rue de Lappe on rencontrait
Une frappe une frappe qui revenait
Rue de Lappe Rue de Lappe pour respirer
Un peu d'air frais de ce bon vieux quartier
Il laissait à la Guyane    
Son bel ensemble rayé    
Pour cueillir le coeur d'ces dames    
Comme une pomme au pommier
Rue de Lappe Rue de Lappe c'était parfait    
Rue de Lappe Rue de Lappe oui mais oui mais    
Rue de Lappe Rue de Lappe par les poulets    
Un soir de rafle il se faisait cueillir    
Pour la Guyane il devait repartir
Passez la monnaie passez la monnaie et ça tournait    
Pendant qu'ça tournait pendant qu'ça tournait on l'emmenait   
Et ça lui coûtait et ça lui coûtait quelques années    
Mais il n'les faisait mais il n'les faisait presque jamais
Rue de Lappe Rue de Lappe quand il rev'nait    
Rue de Lappe Rue de Lappe il r'commençait.
                                                 
   






































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Rue de Lappe  Mouloudji













/youtu.be/NalJHor44jc




































https://youtu.be/NalJHor44jc













samedi 24 février 2024

Le Bunker de Tbilissi Iva Pezuasvili ( Géorgie Roman )

 








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                                                    Le Bunker de Tbilissi

            Mila, Guéna, Zelma, Lazaré. 9 avril jour anniversaire national et en particulier de Mila  Nés en Arménie Mila et Guéna ont vécu un amour fougueux évanoui quelques années plus tard. Artiste plongé soudain dans une recherche spirituelle, il vit d'une modeste pension  d'ancien combattant, laris vite dépensés en frais fixes, tabac, Mila a appris à couper les cheveux sur son téléphone elle travaille et rencontre un géorgien fortuné. L'intérêt du roman réside dans l'itinéraire des personages. De Bakou à Tbilissi en passant par Erevan Pezuasvili raconte l'histoire récente surtout de ce petit pays très convoité par la Russie. Guerres, Haut-Karra back, Ingoutie, guerres régionales. Des chefs d'état occidentaux se déplacèrent, apaisant les conflits. La Géorgie, les Géorgiens aiment chanter, danser, leur troupe célèbre tourna plusieurs semaines autour du monde. Mais Pezuasvili a choisi de centrer son roman sur parsonages convenus et une société modeste, Zelma travaille pour la police, Lazaré livreur de repas; file sur son scooter et lors d'un incident imprévu cela devient un problème pour le budget familial, il rêve par ailleurs de devenir rappeur, ce qu'il est et s'aperçoit être plus connu qu'il ne pensait. Le bunker ce local poubelles puant puis le bastion d'où ne sortent  jamais des chinois qui ont construit le village olympique à Sotchi sans faire appel aux géorgiens. Roman court, parsemé de rappels historiques, semble écrit avec colère, bruyant, facile à lire, intéressant. Bonne lecture.
















vendredi 2 février 2024

Brad Frederic Mitterand (Biographie France )

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                                                                      Brad

            Elevé dans le Missouri à Springfield, une enfance tranquille dans une famille unie, aîné de trois enfants, anabaptiste, doué pour le dessin, il ne termine pas ses études universitaires. Réunissant 300 dollars et au volant d'une vieille voiture il traverse les Etats Unis en plusieurs jours. A Hollywood son but commence une vie de petits boulots pour survivre espérant être remarqué par un studio sera où il ne connait personne, grimé en poulet il vante un restaurant mexicain puis devenu chauffeur de strip-teaseuses l'une d'elles le remarque et le signale à un agent. Néanmoins Brad Pitt tournera de nombreux petits rôles avant Thelma et Louise film important qui le lancera. Formé à l'école hollywoodienne l'acteur Brad Pitt et non le comédien comme il le conçoit lui-même est devenu une figure sympathique et familière du paysage français où il a acquis un domaine pour une bonne part viticoles dans le Var. Ses nombreuses compagnes ses liaisons son état dépressif surtout ont attiré Frédéric Mitterand il décrit ainsi " son visage adorable ". Il avoue cependant qu'ils ne se connaissent pas alors qu'il écrit le livre de l'adulateur d'une star. Père de famille marié à Angelina Jolie ils ont une fille et deux jumeaux et adopté plusieurs enfants. En couple avec Gwineth Paltrow elle aussi assez malheureuse alors il la quitte et vit avec Jennifer Aniston qu'il épousera et quittera  pour Angelina Jolie épousée puis divorce. Brad Pitt est devenu producteur dans les années 2000 il continue par ailleurs à dessiner et sculpter le bois. Frédéric Mitterand présente et critique une grande partie des films et des réalisateurs avec qui l'acteur a travaillé. Ouvrage intéressant pour qui s'intéressé au cinéma américain pour les fans de Brad Pitt et pour tous, se lit comme un roman. Bonne lecture.






lundi 29 janvier 2024

Mon enfant ma soeur Eric Fottorino ( Roman France )

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         Mon Enfant
                           Ma Soeur

            Un des plus beaux romans parus cette saison, bouleversant son sujet, une enfant arrachée à sa mère à sa naissance, sa forme, un long poème 
( 270 pages ) " ..... sa bouche se tordre ses dents claquer
                               jusqu'à se mordre
                               son corps entier secoué de spasmes

                               tremblement de mère..... " 
son écriture. L'auteur né en 1963 dans l'histoire vit seul avec sa mère, son père les ayant abandonnés. Quelques années plus tard, alors encore enfant sa mère devenue infirmière lui apprend qu'avant lui, en 1960, elle eut une petite fille d'un père parti lui aussi "...... J'ai eu une fille
                                                                                                           on me l'a prise..... "
La jeune jeune future mèr âgée d'à peine 17 ans vivait avec sa mère pauvre et déchue socialement cache sa fille dans une mansarde jusqu'à son accouchement organisé dans une institution religieuse, le bébé partit vers un destin inconnu. Enfant, adolescent, adulte 57 ans durant il cherchera cette petite sœur que dans son cœur il a prénommé Harissa. Deux pères différents, tous deux orientaux.
            " ....... on courait après le malheur
                       mamie l'aimait tant
                       qu'elle ne pouvait se contenter du sien
                       .............
                                   ...... maman voulait à mon épaule
                                          accrocher son fardeau
                                          chaque jour davantage lui pesaitquinzede te savoir quelque part
                                          mais nulle part
                                          mais n'importe où
                                           ............ "
Sixième roman sur un sujet toujours douloureux. Mon enfant Ma soeur peut-être le dernier de l'histoire familiale si Harissa, Marie-Elisabeth pour la mère, est retrouvée, ce que conte le livre. Eric Fottorino, journaliste, Le Monde, romancier fondateur de revues, a fait des études de droit à La Rochelle et d'Etudes Politiques à Paris, auteur plusieurs fois lauréat de divers prix auteur d'une quinzaine d'ouvrages. Très bon livre, bonne lecture.


                   
             

                               
















                                                       

mercredi 24 janvier 2024

La Grande Pagode Miguel Szymanski ( Policier Portugal )

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                                             La Grande Pagode 

            " La grande pagode ", le navire bat pavillon chinois et appartient à un richissime homme d'affairs, il travaille pour le gouvernement chinois. Le bateau apporte la note glamour, ce jour-là une réception en l'honneur de la ministre des finances du Portugal. Politique fiction peut-être. Le navire super luxueux abrite entre autres d'habiles espions en exécution sommaire s'il le faut. L'auteur, Miguel Szymanski fait appel à son journaliste surtout espion caché à Berlin pressé de retrouver son pays et surtout Lisbonne où il a des attaches sentimentales. Et voilà le lecteur entraîné dans des courses et des cours, petits villages cachés, constructions en carton-pâte destinées aux immigrants venus principalement d'Afrique. Notre sympathique journaliste va soulever des lièvres, peut-être voir mourir ses amours, déjouer les propositions malveillantes du propriétaire du navire à la ministre des Finances. Un roman politico-financier situé entre l'océan atlantique et le fleuve Tage. Promenades, courses, traversées rapides des parcs lisboètes. Feu et judo. Politique et temps frais à Lisbonne. Bonne lecture. 

mardi 23 janvier 2024

Seulette suis et Seulette veux être Christine de Pizan ( Poème France )

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etsy.com                                    Seulette suis
                                                                   et
                                           Seulette veux être

            Seulette suis et seulette veux être,
            Seulette m'a mon doux ami laissée ;
            Seulette suis, sans compagnon ni maître,
            Seulette suis, dolente et courroucée,
            Seulette suis, en langueur malaisée,
            Seulette suis, plus que nul égarée,
            Seulette suis, sans ami demeurée.

            Seulette suis à huis ou à fenêtre,
            Seulette suis, en un recoin cachée, 
            Seulette suis, pour moi de pleurs repaître,
            Seulette suis, dolente ou apaisée,
            Seulette suis, rien n'est qui tant me déplaît,
            Seulette suis, en ma chambre enterrée,
            Seulette suis, sans ami demeurée.

            Seulette suis partout et en tout lieu ;
            Seulette suis, que je marche ou m'assieds ;
            Seulette suis, plus qu'autre rien sur terre,
            Seulette suis, de chacun délaissée,
            Seulette suis, durement abaissée,                                                etsy.com
            Seulette suis, souvent tout éplorée,
            Seulette suis, sans ami demeurée. 

             Envoi

            Princes, or est ma douleur commencée ;
            Seulette suis, de tout deuil menacée,
            Seulette suis, plus sombre que moirée,
            Seulette suis, sans ami demeurée.


                                  Christine de Pizan

                                             ( 1365 - 1430 )    
 

                                                               

lundi 15 janvier 2024

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 167 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

 





  




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                                                                                                     6 Juin 1666

            Levé de bonne heure et fâché contre mes gens pour avoir laissé disparaître une clef de l'une des portes de chambres et nul ne savait où elle était. Fâché aussi contre mon petit valet point prêt en même temps que moi, encore que je l'eusse appelé, aussi le souffletai-je de belle façon. Puis m'occupai de mon travail au bureau et au bureau des subsistances. Par le fleuve à St James car c'est aujourd'hui jour de jeûne mensuel pour la peste. Réunion et réglons nos affaires avec le Duc comme à l'accoutumée. Entre autres fîmes lire la proposition du capitaine Cocke relative aux marchandises venant de l'Est proposition soumise par milord Broucker, mais je me sers de ce dernier pour n'avoir qu'à tirer les marrons du feu. Sir William Coventry s'y opposa vigoureusement...... fini donc mon espoir de toucher 500 livres.
            A la suite du Duc dans le parc traversé à pied jusqu'à Whitehall. Tout le monde guette le son du canon, mais on ne l'entend point. Tous débordent de joie et concluent pour de fort bonnes raisons que les Hollandais sont battus....... Bientôt un peu plus loin au cours de notre marche sir Phlip Frowde  vint à la rencontre du Duc porteur d'un message urgent adressé à sir William Coventry par le capitaine Taylor garde-magasin de Harwich. C'était le récit du capitaine Hayward commandant du Dunkirk, rapportant fort sérieusement comment lundi les deux flottes furent aux prises toute la journée, toute la flotte hollandaise prenant la fuite tout bonnement sans jamais regarder derrière elle. Que sir Christopher Mynes est blessé à la jambe, que l'amiral va bien. Qu'il y a de bonnes raisons de penser que de toute la flotte hollandaise, qui comprenait une centaine de voiles avec les renforts, seule une cinquantaine de navires purent rentrer à bon port, dont seul un nombre infime arborait encore leur pavillon et que le petit capitaine Ball à bord de l'un des brûlots embrasa à la fin de l'engagement un navire de 70 canons. 
            Si grande fut la joie à écouter ces bonnes nouvelles que le duc d'York courut les communiquer au roi parti à sa chapelle et là toute la cour était à un grand tumulte, chacun se réjouissant de ces bonnes nouvelles. 
            M'en vais à la nouvelle Bourse en voiture. Je fis connaître un peu ces bonnes nouvelles encore que je pusse constater qu'elles étaient déjà répandues. Retour chez nous à notre église car c'était un jour de jeûne ordinaire. J'arrivai juste avant le sermon mais, Seigneur ! chacun dans l'église me fixait tandis que je parlais en chuchotant à sir John Mennes et à milady Penn. Je vis bientôt les gens s'agiter et chuchoter plus bas dans la nef. Voici tantôt venir le sacristain de chez milady Ford pour m'annoncer les nouvelles que j'avais moi-même apportées. Les nouvelles circulent par écrit et on les passe de banc en banc. Mais ce qui me plut autant que ces nouvelles ce fut de voir que nous avions dans notre église la jolie Mrs Myddelton. Après le sermon presque 40 personnes de tout rang viennent à notre bureau pour savoir ce qui se passe, je me réjouis grandement de leur dire, puis rentrai chez moi et trouvai ma femme dînant, ne sachant point que j'avais été à l'église. Après le dîner elle partit avec mon père chez Hayls,
mon père devant commencer à poser aujourd'hui en vue du portrait que je souhaite. Passai tout l'après-midi à la maison à travailler, consignant mes résolutions jusqu'à Noël. Mais Seigneur ! quel ne serait pas mon bonheur si je pouvais ne pas changer dans mes dispositions ! Mais j'aime tant le plaisir que mon âme se révolte à voir la sottise de ma conduite en cette affaire. Montai tantôt en voiture et m'en fus chez Hayls, mais il était sorti et mon père et ma femme s'en étaient allés, aussi allai-je chez Lovett où à mon grand regret mon projet concernant les registres vernis ne verraient pas le jour car la couleur ne se conserve pas ainsi...... Puis à la maison, comme mon père et ma femme ne revenaient point je sortis avec ma voiture prendre un peu l'air, allant tout seul jusqu'à Bow et fis demi-tour et rentrai. mais avant que je n'arrive les feux de joie brûlaient par toute la ville. En traversant Crutched Feiars, voyant Mrs Mercer à la grille de la maison de sa mère je m'arrêtai, descendis et pénétrai dans la maison, c'était la toute première fois que j'y allais. Je trouve tous mes gens, mon père, tout le monde à un très bon souper dans l'appartement de Will Hewer. La chose allait fort élégamment ce qui me plut beaucoup. Après le souper à son cabinet de travail qui est tout à fait beau. Les tableaux et tout le reste ayant été choisis avec beaucoup de soin. J'en conçus un fort grand plaisir, puis à la grille entouré par ces dames. Le fils de Mrs Mercer s'étant procuré maints serpents (feux d'artifice ), aussi fis-je en sorte que toutes les dames fissent partir quelques serpents. Arrivent bientôt notre belle voisine Mrs Turner et les deux filles d'une voisine, Mrs Tite. L'aînée est une drôlesse au long nez et une sotte, la plus jeune est une belle fille brune.
            En leur compagnie passa toute la soirée à ne rien faire jusqu'à minuit, participant aux feux de joie dans les rues. Certaines personnes des environs se promenaient avec des mousquets et tirèrent pour moi deux ou trois salves. Je leur donnai une couronne pour aller boire. Rentrai chez moi fort satisfait des nouvelles apprises en ce jour faste, d'autant que ces nouvelles sont confirmées par sir Daniel Harvey qui participa à toute la bataille aux côtés de l'amiral et rapporte qu'il ne restait plus apparemment que 36 navires dans toute la flotte hollandaise à la fin de l'expédition. Lorsque cette flotte prit la fuite pour rentrer chez elle. La joie de la Cité ce soir était extraordinaire.


                                                                                                                       7 juin

            Levé de bonne heure et à mon bureau, sir William Coventry m'ayant fait savoir qu'il s'est rendu auprès de la flotte pour examiner la situation et qu'il doit rentrer promptement.  J'espère que nous aurons l'occasion de nous féliciter de la victoire, mais milord Brouncker et sir Thomas Hervey arrivant de la Cour m'apprennent des nouvelles tout à fait opposées, ce qui ms stupéfie. Nous sommes battus ayant perdu de nombreux navires et de bons officiers, que nous ne prîmes point un seul navire. Ainsi de victoire ne peut-il y avoir que dans nos récits et il n'est point certain que nous restions maîtres du champ de bataille. mais surtout le Prince échoua sur le Galloper et n'en put plus bouger, tous les Hollandais cherchèrent à s'en emparer, n'y parvinrent pas aussi le brûlèrent-ils...... Je fus fort affecté d'entendre ces nouvelles et de songer aux conséquences fâcheuses et la présomption qui nous ont conduits là.
            A midi à la Bourse. Constate un grand changement dans les propos et la physionomie des gens de Londres, mais ce n'est point encore bien net. Rentré chez moi et dîné tout seul, mon père et mes gens étaient tous partis pour Woolwich assister au lancement du Greenwich...... Laissé seul avec la petite Mrs Tooker je la gardai avec moi tout l'après-midi dans mon cabinet de travail et je fis avec elle ce que j'avais en tête.
            Mr Waith me vient voir et tandis que nous nous entretenions de notre infortune il me fut dit en termes très clairs, chose qu'il tient du capitaine Page qui a perdu un bras dans la bataille, que les Hollandais nous donnèrent la chasse deux heures durant avant de nous lâcher, puis nous laissèrent rentrer et se replièrent vers leurs côtes. Ce sont là bien tristes nouvelles.               pinterest.fr
            A mon bureau et à Whitehall tard et me rends auprès du duc d'York afin de voir quels sont ses ordres et lui demander pour le compte de Mr Yeabsley que se tienne une réunion à propos de Tanger. Le Duc me semble en rabattre beaucoup dans ses propos sur la récente bataille. Toute la Cour en parle avec tristesse. Le Duc me donna plusieurs lettres qu'il avait reçues de la flotte ainsi que de sir William Coventry et sur William Penn qui se sont rendus là-bas afin que je puisse repérer un certain nombre de travaux à effectuer en vue d'un nouveau départ de la flotte. Je rapportai donc ces lettres chez moi et je m'employai à faire un résumé  jusqu'à minuit. J'ai toutes raisons de penser que nous sommes battus et que nous sommes perdants. Le Prince qui a échoué sur Gallopée où le Royal Charles et le Royal Catherine avait par deux fois échoué mais put se dégager. L'Essex emporté en Hollande. Le Swiftsure commandé par sir William Berkley disparu depuis le tout début de la bataille. Les capitaines Bacon, Terne, Wood Motham, Whitty et Coppin tués. Le Duc d'Albemarle déclare dans une lettre que de sa vie il n'eut à combattre avec de pires officiers, une vingtaine d'entre eux s'étant conduits en hommes. Sir William Clarke perdit une jambe et mourut dans les deux jours. < Le Loyal George, le Seven Oaks et le Swiftsure manquent toujours à l'appel et, ainsi que l'écrit l'amiral, n'ont jamais participé à un engagement aux côtés des autres navires ! >
            Grand changement, je n'en connus jamais de pire, que de me trouver dans l'obligation d'écrire ce soir une lettre affligée et non triomphante à milady Sandwich.
            Rentré tard à la maison et, au lit.


                                                                                                                  8 juin

            Levé de bonne heure et chez le Duc d'York afin de lui faire part des tâches qui nous incombent et de les répartir entre nous. J'en pris une bonne part. Plus j'en ai peur que je ne pourrai en exécuter.
            A l'échiquier pour quelques affaires à propos de Tanger, puis chez moi où pour ma plus grande joie, je vois que Balty est rentré sain et sauf après avoir couru les plus grands dangers à bord du Henry, puisqu'il n'a pas quitté le gaillard d'arrière où se trouvait Harman récompensé par les plus vifs éloges du duc d'York, de même le Duc rendit fort justement raison à sir Thomas Teddeman injustement médit, sa conduite ayant été d'une extrême bravoure et d'une extraordinaire utilité car il déchargea à l'dresse de Tromp lui-même une bordée telle que rarement en put recevoir.
            Des coups de feu ont atteint le visage de Mings et lui ont traversé l'épaule où la balle s'est logée, Le jeune Holmes et Uther du Rupert également grièvement blessé.
            Balty me raconte l'affaire du Henry, une affaire d'une tristesse extraordinaire et désespérante.
            Après dîner Balty et moi à mon bureau, évoquâmes longuement ce combat. Je suis fort satisfait de lui et place de grands espoirs en lui.
            A Whitehall, réunion de la commission de Tanger, mais n'eut point lieu. Mais, mon Dieu ! il faut voir l'accablement qui règne à la suite de cette récente déroute au lieu de la victoire que l'on attendait avec si peu de raison.
            Creed et moi descendîmes par le fleuve jusque chez sir William Warren à qui je proposai une affaire qui me peut être bénéfique acheter quelques gabares et les envoyer auprès de la flotte. Il m'assistera pour cela.                                                                                       pinterest.fr
            Retour, parlons tous deux de la fâcheuse façon dont vient d'être conduite cette bataille et même de la fâcheuse décision que ce fut de simplement livrer batailles à des forces si grandes, plus importantes que les nôtres. Au bureau nous nous séparâmes non sans avoir eu la satisfaction d'apprendre que le Swiftsure commandé par sir William Berckeley est arrivé sain et sauf dans l'estuaire alors qu'on ne l'avait point vu depuis le début de la bataille à laquelle il ne prit part à aucun moment. Mais quel que fût le lieu où il se trouvait on dit qu'il est revenu en bon état. Plaise à Dieu qu'il en soit ainsi !
            Resté tard ai bureau à travailler, et à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                    9 juin

            Levé et à St James, présenter mes respects au duc d'York, m'entretins avec lui des affaires concernant la flotte. Mais Seigneur ! il faut voir comme les avis sont partagés à la Cour à savoir si le Swiftsure et  l'Essex sont en sûreté. On prend des paris des deux côtés. 
            A Whitehall dans l'attente d'une réunion de la commission de Tanger. Après de grands efforts nous fûmes contraints de l'annuler, une cinquièmes personne manquant. Mais Seigneur ! il fallait voir avec quelle patience milord Ashley resta toute la matinée pour obtenir la tenue d'une réunion. Sans se douter que je savais d'où venait son souhait.
            Ala maison pour le dîner et derechef à Whitehall, un peu trop tôt, fus à la Grand-Salle pour acheter une paire de gants et voir ce que pensent les gens de ce récent combat naval. Il m'apparait que chacun renonce à y voir une victoire mais pour une grande déroute.
            A Whitehall, convaincus de pouvoir faire notre travail pour la plus grande satisfaction de Yeabsley et de nous autres, et pour différentes raisons, milord Peterborough annonça que le duc d'York, qui m'avait expressément prié d'être la pour veiller à ce que l'affaire fût réglée, ne voulait point que nous allions plus avant dans cette affaire relative au versement d'une compensation pour la perte du navire avant que George Carteret et sir William Coventry ne fussent arrivés à Londres, et c'était précisément ce que nous souhaitions éviter. Nous nous séparâmes sans avoir rien fait, à mon plus grand déplaisir encore que je ne disse rien. Plus tard je constate à entendre ce que me dit milord Ashley que c'est l'insulter gravement, lui et tous les membres de la commission que de croire que rien ne se peut faire sans sir George Carteret ou sir William Coventry.
             A peine nous étions-nous séparés et à peine rentré chez moi que nous apprenions l'arrivée en ville de sir Coventry, aussi me rendis-je à ses appartements où je lui rendis compte de ce qui se passe au bureau. Ce ne fut point sans une certaine satisfaction que je le quittai après que nous nous fûmes entretenus de plusieurs points de l'urgence qu'il y a à faire repartir la flotte. Mais je ne retire pas l'impression qu'il soit le moins du monde content ou satisfait de la récente bataille. Il me donne de nouveaux détails, m'informant de la mort d'un ou deux capitaines, mais il ne pense plus désormais que le Swiftsure et l'Essex soient en sûreté.   
            Sur le chemin du retour fis halte à l'ancien Cygne, vois ma jolie Betsy Mitchell et son mari à la porte de leur maison de Thames Street. Fus heureux de cette rencontre et pénétrai dans leur boutique, ils me firent boire un peu de leur eau-de-vie. C'était le première fois que j'allais en ce lieu. Cette femme me plaît au plus haut point. Après une moment et discuté non sans grande réserve, je m'en fus et retournai tardivement à mon travail. Mais je dois observer que d'avoir bu quelque eau-de-vie me donna mal aux yeux, comme cela fut le cas l'autre jour, pour de vrai il s'agissait de mon seul oeil droit.
            Tard le soir sir William Warren me vient faire savoir qu'il a examiné pour moi quatre gabares, ce dont je suis fort aise. Puis à la maison, au lit fort tracassé du désagrément que nous subîmes relativement à la commission de Tanger.


                                                               à suivre..........

                                                                                                                         10 juin

            Levé de fort.......