mardi 20 juin 2017

Les obus jouaient à pigeon vole Raphaël Jerusalmy ( Roman France )





                                         Les obus jouaient à pigeon vole

            24 heures dans la vie d'un poète. 1916 le poète, lui et ses camarades, attendant le passage du zeppelin qui précède les déferlements d'obus des ennemis s'occupent. les fraises Tagada avalées, la faim encore, le poète lit une revue Le Mercure, mécontent car Paul Léautaud lui a refusé un poème pour ce numéro, mais des vers trottent dans sa tête depuis ce matin, s'envolent. Ils les rattrapent juste à ce moment et les note au crayon à papier sur la revue entre les lignes du poème d'un autre choisi pour ce numéro.  Ce jour-là le zeppelin passa à l'heure précise habituelle, 16 h 15. Un éclat d'obus atteignit la tempe du poète. Il ne mourut pas ce 17 mars 1916 au lieu-dit le Bois des Buttes. Gui de Kostrowitzky, Guillaume Apollinaire pour son public, échappa à la mort et la revue tâchée de sang s'envola vers le guetteur allemand. Des milliers moururent dans cette plaine où brillaient les canons. L'auteur qui connaît bien le sujet commence le livre, court, le 16 mars, très exactement 24 heures avant l'impact, 23, 22 heures etc. avant la blessure. Et dans ces chapitres de très peu de pages, il nous conte le quotidien de ce groupe d'hommes. Apollinaire leur a donné des surnoms, Père Ubu, lui Cointreau-whisky, Trouillebleu le meilleur tireur de l'équipe "..... un snaille-peur comme disent les anglais....... - ....... Cette guerre n'apportera rien de nouveau..... - Les hommes n'ont pas attendu Verdun pour avoir des gueules cassées..... Ils ont laissé Picasso leur coller le nez au milieu du front..... narines carrées.... " Cointreau-whisky reçoit des lettres de partout, de Cocteau qui lui propose d'écrire le livret d'une pièce, Parade. Il répond à sa mère, à sa marraine de guerre, lettres sages, et puis à Madeleine, amour d'un temps, Les hommes vivent dans la boue utilisée pour faire un dossier, un accoudoir, cachés tant bien que mal derrière les sacs de sable. Chapitres séparés par quelque vers d'Alcolls et de Calligrammes. Pour qui aime Apollinaire, le livre complète bien les Lettres à Madeleine où le poète décrit aussi ces moments cruels. Un très joli volume dans un format carré. Il se glisse dans la poche. Ecrire des lettres, donner des nouvelles, problèmes pour tous sauf Cointreau-whisky "........ Mentir à ceux qu'ils aiment. Il fait beau...... Cointreau-whisky tartine des pages entières avec de la suie diluée. L'encre manque..... "

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