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mardi 21 décembre 2021

El Eden Eduardo Antonio Parra ( Roman Policier Mexique )

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                                                          El Eden

            A El Eden, petite ville au nord du Mexique, la vie était douce et chaleureuse. Jusqu'à l'arrivée des premiers gangs, demandes de rançons à des commerçants, épiciers, artisans et autres. Le non-paiement entraînait massacre et destruction. Certains parvinrent à quitter la ville et s'établirent ailleurs, notemment à Monterrey. A Monterrey où se retrouvent deux habitants d'El Eden, Dario et son ancien professeur de lettres, dix ans après le jour funeste où deux bandes rivales fortement armées, circulant dans des pickups, des camions aux vitres teintées dont les bennes portaient des mitrailleurs cagoulés. Dans la cantine, Dario commande des seaux remplis de glaçons et de six bouteilles de bière, plusieurs fois renouvellés au cours de cette nuit de souvenirs. Ce sont des verres frais de rhum qui raviveront la mémoire du professeur. La particularité du roman tient dans la faculté qu'a l'auteur à entrer dans le sujet qu'il va traiter, tous liés à cette nuit de massacres et à raconter, mot à mot, détails en pointillés, chaque sentiment, chaque rue, l'atmosphère, les odeurs. Et le lecteur reste enfoui dans l'histoire de Norma, jeune amoureuse de Dario, et si les scènes de tueries que se rapportent les deux consommateurs sont détaillées, acharnement à tuer tout ce qui bouge, même sur les chiens et les cadavres, les amours naissantes des deux jeunes étudiants, dans un parc, dans un cinéma entre autres sont aussi minutieusement décrites, ce qui donne des scènes assez crues. Mais pour débuter cette soirée on apprend que le jeune couple se pose d'abord chez Dario, où sa mère, sa grand'mère et sa soeur s'inquiètent de l'absence du jeune frère, Santiago, car, sans que l'on sache vraiment comment, l'arrivée des gangs est annoncée par des haut-parleurs sur des camions qui parcourent les rues : rentrez chez vous, ne bougez pas, fermez les volets, si vous regardez à l'extérieur vous serez exterminés. Et la coupure d'électricité intervient. La ville est obscure, la nuit est tombée, peu étoilée. La mère convainc Dario et Norma d'aller à la rencontre, la recherche de Santiago. Et ainsi les deux hommes partis de deux points différents de la ville raconteront leur désarroi, l'epreuve que fut cette nuit de tuerie. Des cadavres amoncelés dans des bennes, croiser des personnes connues, par exemple au cinéma, gisant dans la rue, des camions roulant sur des corps, les deux équipes de narcotraficants s'entretuant pour prendre le pouvoir dans la ville. " Le couloir se remplissait rapidement de fumée...... une vague odeur de viande rôtie a atteint mes narines...... un autre cadavre était en train de griller. " Des centaines de morts, de maisons brûlées, même deux écoles. Certains restés chez eux n'ont pas été épargnés. Plus tard " la plupart.... nous installer dans les grandes villes, à Nuevo, Reynosa ou Monterrey ou de l'autre côté de la frontière, au Texas ". Tuer ne suffisait pas, les têtes de cadavres : " Les assassins avaient tenu promesse, au pied du kiosque..... deux ou trois se regardaient .... semblant sourire... " Dans le café, l'histoire s'achève bientôt, racontée à la première personne, le professeur " ... Les clients étaient calmes, vaincus par l'alcool, par la nuit. Vaincus par la vie. " Très bon livre pour qui ne craint pas les scènes un peu dures, pas très long. L'auteur Eduardo Parra, a été primé par ailleurs, et a reçu le prix Antonin Artaud. Bonne lecture. 












mardi 23 janvier 2018

L'histoire de mes dents Valeria Luiselli ( Roman Mexique )


fnac.com
   
                                             L'histoire de mes dents

            Valeria Luiselli pensait écrire l'histoire des ouvriers de Jumex, fabrique de jus de fruits, et de la galerie de tableaux installée dans une autre partie de l'espace. Au commencement le livre fut un feuilleton. L'auteur écrivit un épisode par semaine remis aux ouvriers qui le lisaient à haute voix. Ils discutèrent les différents passages sans connaître l'auteur avant le dernier chapitre. La conception du livre et la vie de Valeria Luiselli , roman à eux seuls sont une part de l'histoire en fin de livre, avec les événements qui se produisaient au même moment. Quant au héros il se nomme Gustavo Sanchez Sanchez, vit à Mexico, plutôt à Ecatepec, et nous circulons dans la ville au fil de ses habitudes. Gustavo naquit avec quatre dents. Elles poussèrent de façon désordonnée et notre héros n'eût de cesse lorsque la possibilité matérielle lui fut donnée de les remplacer. Ce qu'il fit passé quarante ans. Jusque-là gardien dans une usine, marié, un enfant. Sa femme le quitte emmenant son fils qui se révélera fourbe, ennemi de son père qui, bien heureusement se remettra de son étonnante rencontre des années plus tard avec le rejeton oublié. Le livre vacille entre drôlerie, symboles et vérités. Apprenant l'existence de cours de commissaire priseur, Gustavo dit Grandroute, apprit et devint selon ses dires " le meilleur commissaire priseur du monde ". La fortune lui sourit et un jour il trouva, joliment présentées, les dents, un peu jaunies de Marilyn Monroe. Il les acquit et remplaça ses dents pointues qui partaient dans tous les sens, par celles de la star. Collectionneur depuis l'enfance, les pailles des boissons, les rognures d'ongles de son père, puis tout ce qu'il trouvait, il commença à acheter toutes les dents qu'il put trouver, et les vendit. Voir la couverture du roman, il vendit en effet les dents de Rousseau, de Platon, de Vila-Matas, Borges, Montaigne et autres, toujours agrémentées de l'histoire de ces grands hommes. Mais, de fait, le désir de l'auteur était de démontrer que dans une oeuvre vendue aux enchères trois parts font sa valeur, l'objet seul, le propriétaire ( ou les ) et l'histoire imprégnée sur l'oeuvre. Un jour il rencontra Voragines ( Jacques évidemment qui, en son temps, écrivit la vie des saints ) en peine de sujet. Sanchez lui proposa, contre le logement, d'écrire le catalogue de ses possessions, hétéroclites, et son autobiographie. " Je ne sais pas si cela devrait faire partie de l'histoire........si bien que j'en suis déconcerté et que je m'y perds...... De retour à Disneylandia, Voragine et moi avons constaté que ma maison et mon entrepôt avaient été cambriolés........ J'ai tout d'abord éprouvé un formidable soulagement......... Les jours suivants ont été déconcertants et difficiles, et je préfère ne pas en parler. J'ai suivi une thérapie de groupe. J'ai regardé la Formule 1 à la télé. J'ai envisagé le catholicisme. J'étais perdu comme une hirondelle en Antarctique, comme disait Napoléon....... " Histoire de dents, multiples, mais citant Proust elle écrit que les grands auteurs ne montrent pas leurs dents, comme Proust ils rient ou sourient sans montrer les dents. Paraboles et réalisme dans la bouche de l'oncle de Grandroute, Marcelo Sanchez-Proust, conseillant le choix judicieux d'une épouse capable de combler un époux en de certains moments  Accepter d'entrer dans l'histoire c'est ensuite regretter de quitter le roman.