samedi 12 octobre 2013

Le 4è mur Sorj Chalandon ( roman France )

                                          

Le Quatrième mur - Prix des Lecteurs 2015
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                                                         Le 4è Mur


            Février 1944 création à Paris, au théâtre de l'Atelier, de l'Antigone de Jean Anouilh, alors que sous l'Occupation Paris est occupé.
            Février 1982, Georges accepte de remplacer son ami Sam gravement malade, à la mise en scène de la même Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth alors en guerre " ... Le Liban se bat contre le Liban... " Sam est grec, juif discret, sa famille a été déportée à Aushwitz, metteur en scène. Idéaliste il impose un choix de comédiens improbables. Voulant faire oeuvre de paix alors que la ville s'écroule sous les bombes, que le snippers observent derrière des meurtrières, il a réuni chiites, sunnite palestinienne, Antigone, chrétiens, phalangistes ( kataëb ), druzes. Georges marié, père, termine ses études d'histoire attendant un poste, surveillant. Il connaît la mise en scène, la pièce, mais son séjour dans cette ville où d'une rue à l'autre les ennemis changent, les discussions avec les comédiens qui lui demandent sa religion, l'émeuvent à l'extrême. Et il y a Marwan, taxi, payé pour conduire ce Français porteur d'un projet absurde à ses yeux. C'est l'époque des camps palestiniens, de Chatila. Pour jouer Georges doit convaincre les comédiens et leur famille que le sujet, les attitudes ne vont pas contre le livre de leur religion. Tout cela sombre peu à peu dans la réalité de la guerre au quotidien. Les états d'âme de Georges laissent un peu sceptiques. " Des villages meurent dans les deux camps... - ... Ce sont les régiments katëb qui sont entrés dans Sabra et Chatila... " Sorj Chalandon a décrit l'lrlande et sa guerre dans d'autres livres, le 4è mur, ce mur invisible que les comédiens inventent entre la scène et le public, même guerre sous d'autres cieux.               
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      

mercredi 9 octobre 2013

La Cour aux Lilas et l'Atelier des Roses Marcel Proust ( Anecdotes et Réflexions d'hier France )





                                           La Cour aux Lilas et l'Atelier des Roses
                                    
                                              Le salon de Mme Madeleine Lemaire

            Balzac, s'il vivait de nos jours, aurait pu commencer une nouvelle en ces termes :
           " Les personnes qui, pour se rendre de l'avenue de Messine à la rue de Courcelles ou au boulevard Hausmann, prennent la rue appelée Monceau du nom d'un de ces grands seigneurs de l'ancien régime, dont les parcs privés sont devenus nos jardins publics et que les temps modernes feraient certes bien de lui envier si l'habitude de dénigrer le passé sans avoir essayé de le comprendre n'était pas une incurable manie des soi-disant esprits forts d'aujourd'hui, les personnes dis-je, qui prennent la rue Monceau au point où elle coupe l'avenue de Messine pour se diriger vers l'avenue Friedland, ne manquent pas d'être frappées d'une de ces particularités archaïques, d'une de ces survivances, pour parler le langage des physiologistes qui font la joie des artistes et le désespoir des ingénieurs. Vers le moment, en effet, où la rue Monceau s'approche de la rue de Courcelles, l'oeil est agréablement chatouillé et la circulation rendue assez difficile par une sorte de petit hôtel, de dimensions peu élevées, qui, au mépris de toutes les règles de la voirie, s'avance d'un pied et demi sur le trottoir de la rue qu'il rend à peine assez large pour se garer des voitures fort nombreuses à cet endroit et, avec une sorte de coquette insolence, dépasse l'alignement, cet idéal des ronds de cuir et des bourgeois, si justement exécré, au contraire des connaisseurs et des peintres. Malgré les petites dimensions de l'hôtel qui comprend un bâtiment à deux étages donnant immédiatement sur la rue, et un grand hall vitré, sis au milieu de lilas arborescents qui embaument dès le mois d'avril, à faire arrêter les passants, on sent tout de suite que son propriétaire doit être une de ces personnes étrangement puissantes devant le caprice ou les habitudes de qui tous les pouvoirs doivent fléchir, pour qui les ordonnances de la préfecture de police et les décisions des conseils municipaux restent lettre morte, etc... "                                                                                     amazon.fr
            Mais cette manière de raconter, outre qu'elle ne nous appartient pas en propre, aurait le grand inconvénient, si nous l'adoptions pour le cours entier de cet article, de lui donner la longueur d'un volume, ce qui lui interdirait à jamais à l'accès du Figaro. Disons donc brièvement que cet hôtel sur la rue est la demeure, et ce hall situé dans un jardin l'atelier d'une personne étrangement puissante, en effet, aussi célèbre au-delà des mers qu'à Paris même, dont le nom signé au bas d'une aquarelle, comme imprimé sur une carte d'invitation, rend l'aquarelle plus recherchée que celle d'aucun autre peintre, et l'invitation plus précieuse que celle d'aucune autre maîtresse de maison : j'ai nommé Madeleine Lemaire. Je n'ai pas à parler ici de la grande artiste dont je ne sais plus quel écrivain a dit que c'était elle " qui avait créé le plus de roses après Dieu ". Elle n'a pas moins créé de paysages, d'églises, de personnages, car son extraordinaire talent s'étend à tous les genres. Je voudrais très rapidement retracer l'histoire, rendre l'aspect, évoquer le charme de ce salon en son genre unique.
            Et d'abord ce n'est pas un salon. C'est dans son atelier que Mme Madeleine Lemaire commença par réunir quelques-un de ses confrères et de ses amis : Jean Boréaux, Puvis de Chavannes, Edouard Detaille, Léon Bonat, Georges Clairin. Eux seuls eurent d'abord la permission de pénétrer dans l'atelier, de venir voir une rose prendre sur une toile, peu à peu, et si vite, les nuances pâles ou pourprées de la vie. Et quand la princesse de Galles, l'impératrice d'Allemagne, le roi de Suède, la reine des Belges venaient à Paris, ils demandaient à venir faire une visite à l'atelier, et Mme Lemaire n'osait leur en refuser l'accès. La princesse Mathilde son amie et la princesse d'Arenberg son élève y venaient aussi de temps en temps. Mais peu à peu, on apprit que dans l'atelier avaient lieu quelquefois de petites réunions où, sans aucun préparatif, sans aucune prétention à la " soirée ", chacun des invités " travaillant de son métier " et donnant de son talent, la petite fête intime avait compté des attractions que les " galas " les plus brillants ne peuvent réunir. Car Réjane, se trouvant là par hasard en même temps que Coquelin et Bartet, avait eu envie de jouer avec eux une saynète, Massenet et Saint-Saëns s'étaient mis au piano, et Maurice même avait dansé. untitledmag.fr
Résultat de recherche d'images pour "mondanités 1900"            Tout Paris voulut pénétrer dans l'atelier et ne réussit pas du premier coup à en forcer l'entrée. Mais dès qu'une soirée était sur le point d'avoir lieu, chaque ami de la maîtresse de maison venant en ambassade afin d'obtenir une invitation pour un de ses amis, Mme Lemaire en est arrivée à ce que tous les mardis de mai, la circulation des voitures est à peu près impossible dans les rues Monceau, Rembrandt, Courcelles, et qu'un certain nombre de ses invités restent inévitablement dans le jardin, sous les lilas fleurissant dans l'impossibilité où ils sont de tenir tous dans l'atelier si vaste pourtant, où la soirée vient de commencer. La soirée vient de commencer au milieu du travail interrompu de l'aquarelliste, travail qui sera repris demain matin de bonne heure et dont la mise en scène délicieuse et simple, reste là, visible, les grandes roses vivantes " posant " encore dans les vases pleins d'eau, en face des roses peintes, et vivantes aussi, leurs copies, et déjà leurs rivales. A côté d'elles un portrait commencé, déjà magnifique de jolie ressemblance, et d'après Mme Kinen et un autre qu'à la prière de Mme d'Haussonville Mme Lemaire peint d'après le fils de Mme de la Chevrelière née Séguier, attirent tous les regards. La soirée commence à peine et déjà Mme Lemaire jette à sa fille un regard inquiet en voyant qu'il ne reste plus une chaise ! Et pourtant ce serait le moment chez une autre d'avancer les fauteuils : voici qu'entrent successivement M. Paul Deschanel, ancien président, et M. Léon Bourgeois, président actuel de la Chambre des Députés, les ambassadeurs d'Italie, d'Allemagne et de Russie, la comtesse Greffulhe, M. Gaston Calmette, la grande duchesse Vladimir avec la comtesse Adhéaume de Chevigné, le duc et la duchesse de Luynes, le comte et la comtesse de Lasteyrie, la duchesse d'Uzès douairière, le duc et la duchesse de Brissac, M. Anatole France, M. Jules Lemaitre, le comte et lacomtesse d'Haussonville, la comtesse Edmond de Pourtalès, M. Forain, M. Lavedan, MM. Robert de Flers et Gaston de Caillavet, les brillants auteurs du triomphal " Vergy ", et leurs femmes exquises ; M. Vandal, M. Henri Rochefort, M. Frédéric de Madrazo, la comtesse Jean de Castellane, la comtesse de Briey, la baronne Saint-Joseph et la marquise de Casa-Fuerté, la duchesse Grazioli, le comte et la comtesse Boni de Castellane. Cela n'arrête pas une minute, et déjà les nouveaux arrivants désespérant de trouver de la place font le tour par le jardin et prennent position sur les marches de la salle à manger où se perchent carrément debout sur des chaises dans l'antichambre. La baronne Gustave de Rothschild, habituée à être mieux assise au spectacle, se penche désespérément d'un tabouret sur lequel elle a grimpé pour apercevoir Reynaldo Hahn qui s'assied au piano. Le comte de Castellane, autre millionnaire habitué à plus d'aises est debout sur un canapé bien inconfortable. Il semblerait que Mme Lemaire ait pris pour devise, comme dans l'Evangile : " Ici les premiers sont les derniers ", ou plutôt les derniers sont les derniers arrivés, fussent-ils académiciens ou duchesses. Mais Mme Lemaire que ses beaux yeux et son beau sourire rendent tout à fait expressive fait comprendre de loin à M. de Castellane son regret de le voir si mal placé. Car elle a comme tout le monde un faible pour lui. " Jeune, charmant, traînant tous les coeurs après soi ", brave, bon, fastueux sans morgue et raffiné sans prétention, il ravit ses partisans et désarme ses adversaires ( nous entendons ses adversaires politiques, car sa personnalité n'a que des amis ). Plein d'égards pour sa jeune femme, il s'inquiète du courant d'air froid que pourrait lui envoyer la porte du jardin, laissée entrouverte par Mme Lemaire afin que les arrivants entrent sans faire de bruit. M. Grosclaude, qui cause avec lui, s'étonne de la façon, très honorable pour un homme qui pourrait ne s'occuper que de plaisirs, dont il s'est mis si sérieusement à l'étude des questions pratiques qui intéressent son arrondissement. Mme Lemaire paraît bien ennuyée aussi de voir le général Brugère debout, parce qu'elle a toujours eu un penchant pour l'armée.  Mais cela devient plus qu'une petite contrariété quand elle voit Jean Béraud ne pas même pouvoir pénétrer dans le hall ; cette fois-ci elle n'y peut tenir, fait lever les personnes qui encombrent l'entrée, et au jeune et glorieux maître, à l'artiste que le nouveau monde comme l'ancien acclament, à l'être charmant que tous les mondes recherchent sans pouvoir l'obtenir, elle fait une entrée sensationnelle. Mais comme Jean Béraud est aussi le plus spirituel des hommes, chacun l'arrête au passage, pour causer un instant  avec lui et Mme Lemaire voyant qu'elle ne pourra l'arracher à tous ces admirateurs qui l'empêchent de gagner la place qu'on lui avait réservée, renonce avec un geste de désespoir comique et retourne auprès du piano où Reynaldo Hahn attend que le tumulte s'apaise pour commencer à chanter. Près du piano, un homme de lettres encore jeune et fort snob, cause familièrement avec le duc de Luynes. S'il était enchanté de causer avec de Luynes, qui est un homme fin et charmant, rien ne serait plus naturel. Mais il paraît surtout ravi qu'on le voie causer avec un duc. De sorte que je ne puis m'empêcher de dire à mon voisin :
            - Des deux, c'est lui qui a l'air d'être honoré.
            Calembour dont la saveur échapperait évidemment aux lecteur qui ne sauraient pas que le duc de Luynes " répond ", comme disent les concierges, au prénom d'Honoré. Mais avec les progrès de l'instruction et la diffusion des lumières, on est en droit de penser que ces lecteurs, si tant est qu'ils existent encore, ne sont plus qu'une infime et d'ailleurs peu intéressante minorité.
            M. Paul Deschanel interroge le secrétaire de la légation de Roumanie, prince Antoine de Bibesco, sur la question macédonienne. Tous ceux qui disent " prince " à ce jeune diplomate d'un si grand avenir se font à eux-mêmes l'effet de personnages de Racine, tant avec son aspect mythologique il fait penser à Achille ou à Thésée. M. Mézières, qui cause en ce moment avec lui, a l'air d'un grand prêtre qui serait en train de consulter Apollon. Mais si, comme le prétend ce puriste de Plutarque, les oracles du dieu de Delphes étaient rédigés en fort mauvais langage, on ne peut en dire autant des réponses du prince. Ses paroles comme les abeilles de l'Hymette natal, ont des ailes rapides, distillent un miel délicieux, et ne manquent pas malgré cela, d'un certain aiguillon.
            Tous les ans reprises à la même époque, celle où les salons de peinture s'ouvrent la maîtresse de la maison a moins à travailler, semblant suivre ou ramener avec elles l'universel renouveau, l'efflorescence enivrée des lilas qui vous tendent gentiment leur odeur à respirer jusqu'à la fenêtre de l'atelier et comme sur le pas de sa porte, ces soirées de Mme Lemaire prennent aux saison dont elles imitent le retour, tous les ans identiques, le charme des choses qui passent, qui passent et qui reviennent sans pouvoir nous rendre avec elles tout ce que nous avions de leurs soeurs disparues, aimé, le charme et avec le charme aussi la tristesse. Pour nous qui depuis bien des années déjà en avons vu tant passer de ces fêtes de Mme Lemaire, de ces fêtes de mai, de mois de mai tièdes et parfumés alors à jamais glacés aujourd'hui, nous pensons à ces soirées de l'atelier comme à nos printemps odorants, maintenant enfuis. Comme la vie mêlait ses charmes, souvent nous nous sommes hâtés vers les soirées de l'atelier, pas seulement peut-être pour les tableaux que nous allions y voir et les musiques que nous allions y écouter. Nous nous hâtions dans le calme étouffant des soirées sereines, et parfois sous ces averses légères et tièdes de l'été qui font pleuvoir mêlés aux gouttes d'eau les pétales de fleurs. C'est dans cet atelier plein de souvenirs que nous ravit d'abord tel charme dont le temps a peu à peu dissipé, en la découvrant, la mensongère illusion et l'irréalité. C'est là, au cours de telle de ces fêtes, que se formèrent peut-être les premiers liens d'une affection qui ne devait nous apporter dans la suite que trahisons répétées, pour une inimitié finale. En nous souvenant maintenant, nous pouvons d'une saison à l'autre compter nos blessures et enterrer nos morts. Aussi chaque fois que, afin de l'évoquer, je regarde au fond tremblant et terni de ma mémoire une de ces fêtes, aujourd'hui mélancolique d'avoir été délicieuse de possibilités irréalisées, il me semble l'entendre qui me dit avec le poète :
             " Prends mon visage, essaye si tu le peux de le regarder en face ; je m'appelle ce qui aurait pu être, ce qui aurait pu être et qui n'a pas été. "
            La grande-duchesse Vladimir s'est assise au premier rang, entre la comtesse Greffulhe et la comtesse de Chevigné. Elle n'est séparée que par un mince intervalle de la petite scène élevée au fond de l'atelier, et tous les hommes, soit qu'ils viennent successivement la saluer, soit que pour rejoindre leur place, ils aient à passer devant elle, le comte Alexandre de Gabriac, le duc d'Uzès, le marquis Vitelleschi et le prince Borghèse, montrent à la fois leur savoir-vivre et leur agilité en longeant les banquettes face à son Altesse, et reculent vers la scène pour la saluer plus profondément, sans jeter le plus petit coup d'oeil derrière eux pour calculer l'espace dont ils disposent. Malgré cela, aucun d'eux ne fait un faux-pas, ne glisse, ne tombe par terre, ne marche sur les pieds de la Grande-Duchesse, toutes maladresses qui feraient, d'ailleurs, il faut l'avouer, le plus fâcheux effet. Mlle Lemaire, si exquise maîtresse de maison, vers qui tous les regards sont tournés, dans l'admiration de sa grâce, s'oublie à écouter en riant le charmant Grosclaude. Mais au moment où j'allais esquisser un portrait du célèbre humoriste et explorateur, Reynaldo Hahn fait entendre les premières notes du " Cimetière " et force m'est de remettre à un de mes prochains salons la silhouette de l'auteur des " Gaietés de la semaine " qui depuis, avec tant de succès, évangélisa Madagascar.
            Dès les premières notes du " Cimetière ", le public le plus frivole, l'auditoire le plus rebelle est dompté. Jamais, depuis Schumann, la musique pour peindre la douleur, la tendresse, l'apaisement devant la nature, n'eut de traits d'une vérité aussi humaine, d'une beauté aussi absolue. Chaque note est une parole, ou un cri ! La tête légèrement renversée en arrière, la bouche mélancolique, un peu dédaigneuse, laissant s'échapper le flot rythmé de la voix la plus belle, la plus triste et la plus chaude qui fut jamais, cet " instrument de musique de génie " qui s'appelle Reynaldo Hahn étreint tous les coeurs, mouille tous les yeux, dans le frisson d'admiration qu'il propage au loin et qui nous fait trembler, nous courbe tous l'un après l'autre, dans une silencieuse et solennelle ondulation des blés sous le vent. Puis M. Harold Bauer joue avec brio des danses de Brahms. Puis Mounet-Sully récite des vers, puis chante M. de Soria. Mais plus d'un est encore à penser aux " roses dans l'herbe "du cimetière d'Ambérieu, inoubliablement évoqué. Mme Madeleine Lemaire fait taire Francis de Croisset qui bavarde un peu haut avec une dame, laquelle a l'air de ne pas goûter la défense qui vient ainsi d'être édictée à son interlocuteur. La marquise de Saint-Paul promet à Mme Gabrielle Krauss un éventail peint par elle-même et lui arrache en échange la promesse qu'elle chantera " J'ai pardonné " à l'un des jeudis de la rue Nitot. Peu à peu les moins intimes s'en vont. Ceux qui sont plus liés avec Mme Lemaire prolongent encore la soirée, plus délicieuse d'être moins étendue, et dans le hall à demi-vide, plus près du piano, on peut, plus attentif, plus concentré, écouter Reynaldo Hahn qui redit une mélodie pour Georges de Porto-Riche arrivé tard.
            - Il y a dans votre musique quelque chose de délicat ( geste de la main qui semble détacher l'adjectif ) et de douloureux ( nouveau geste de la main qui semble encore détacher l'adjectif ) qui me plaît infiniment, lui dit l'auteur du " Passé ", en isolant chaque épithète, comme s'il en percevait la grâce au passage.
            Il semble ainsi d'une voix qui semble heureuse de dire les mots, accompagnant leur beauté d'un sourire, les jetant avec une nonchalance voluptueuse du coin des lèvres, comme la fumée ardente et légère d'une cigarette adorée, tandis que la main droite, aux doigts rapprochés, semble être en train d'en tenir une. Puis tout s'éteint, flambeaux et musique de fête, et Mme Lemaire dit à ses amis :
            - Venez de bonne heure mardi prochain, j'ai Tamagno et Reszké.
            Elle peut être tranquille. On viendra de bonne heure.



                                                                                                              Dominique
                                                                                                                                                
                                                                                                                                   article du Figaro 11 mai 1903

                                         
                                                                                                                                                                    
                                                                                                        
   
 

lundi 7 octobre 2013

La confrérie des chasseurs de livres Raphaël Jerusalmy ( roman France )


la confrérie des chasseurs de livres

                                                                                                                                                                
                                                La Confrérie des Chasseurs de livres
                                                                                                                                                                                                                
            François Villon poète brigand, attend la corde des pendus après avoir subi diverses tortures au fond d'une cellule crasseuse et noire, depuis 1462. En 1463 le jugement est cassé, Villon est libéré mais banni de Paris. Il disparut. Là intervient l'auteur, Jerusalmy. Louis XI règne, craint la force de la papauté, qui craint des révélations qui peut-être sont détenues en Terre-Sainte, et seraient le Testament de Jésus. Le Saint-Siège refuse même la publication de la République de Platon, qui sort très discrètement des premières presses. Un imprimeur de Mayence Furst accepte de s'installer à Paris et d'imprimer ce que lui ordonne l'évêque de Paris, hors les divers textes très recherchés par les érudits, et alors que Guttenberg se contente d'imprimer la Bible. Chartier sort le poète de sa geôle, le conduit chez l'imprimeur et lui explique ce qu'il attend de lui. Villon est choisi par l'évêque et le roi car ses écrits courent les rues. On le sait scribe habile et lettré. Il partira donc en Terre Sainte accompagné de son compère Coquillard comme lui, aussi grand et fort qu'il est petit, malingre, Colin de Cayeux. Colin, nom que l'on retrouve dans son Testament de jeunesse; le Lais. Ils passeront par Gênes, l'Italie où les Sforza, les Médicis protecteurs des arts, collectionneurs, sont des intermédiaires  dans toutes transactions avec la Papauté. Les deux envoyés spéciaux de Paris arrivent à Saint Jean d' Âcre, dans ce pays fait de désert tenu par les Mamelouks venus d'Egypte, et d'où les Croisés se sont retirés. Villon déjouera-t-il les pièges qui semblent l'entourer, par Gameliel, rabbin qui teste la valeur de cet envoyé, par Federico libraire de livres rares, qui porte beau et semble se gausser d'eux, par Aïcha, jeune berbère. Belle visite de cette terre d'histoire et de légendes, des grottes et de Jérusalem d'en bas, transcrite dans des livres précieux, conservés dans des abris très sûrs par les membres de la Confrérie. A Paris Furst tente " ... d'exposer le Plan de la Confrérie... une offensive livresque. Pour affaiblir la Papauté sans déclancher un conflit... changer leur forme, leur poids, leur aspect... " A la fin de l'exposé Louis XI dit à Furst " Dites à Jerusalem de prendre bon soin de messire François. "  Raphaël Jerusalmy né à Montmartre, sort de l'ENS la Sorbonne, entre dans les services secrets de Tsahal, retraité il tient boutique de livres rares à TelAviv. Un livre de bonne compagnie, romanesque.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 

mardi 1 octobre 2013

Le Lais François Villon ( poème France )

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         
                                                                                                                                                                                        
                                                                                                         
                                                
                                                                        
                                    Le Lais
                                                ( 1457  édité en  1489 25 ans après sa disparition )
                                        
                                    I

            L'an quatre cens cinquante six,
            Je, François Villon, escollier,
            Considérant, de sens rassis,
            Le frain aux dents, franc au collier,
            Qu'on doit ses oeuvres conseiller,
            Comme Vegece le raconte,
            Sage Rommain, grant conseiller
            Ou autrement on se méconte...

                                   II

           En ce temps que j'ay dit devant,
           Sur le Noël, morte saison,
           Que les loups se vivent de vent
           Et qu'on se tient en sa maison                                                  
           Pour le frimas, près du tison,
           Me vint ung vouloir de brisier
           La très amoureuse prison                                                      
           Qui vouloit mon cuer debrisier.
                                                                                                                 
                                 III

           Je le feis en telle façon,                                                                   bklynbiblio.blogspot.fr
Image associée           Voyant celle devant mes yeulx
           Consentant à ma desfaçon,
           Sans ce que ja luy en fust mieulx ;
           Dont je me dueil et plains aux cieulx,
           En requerant d'elle vanjance
           A tous les dieux venerieux,
           Et du grief d'amour alléjance.

                                IV
           Et se j'ay prins en ma faveur
           Ces doulx regars et beaux semblans
           De tres decevante saveur
           Me trespersans jusques aux flans,
           Bien ilz ont vers moy les piez blans
           Et me faillent au grant besoing.
           Planter me fault autres complans
           Et frapper en ung autre coing.

                               V
                    
           Le regart de celle m'a prins
           Qui m'a esté felonne et dure :
           Sans ce qu'en riens aye mesprins,
           Veult et ordonne que j'endure                                                      
           La mort, et que plus je ne dure ;
           Si n'y voy secours que fouïr.
           Rompre veult la vive souldure,                                                         
           Sans mes piteux regrets oïr !

                               VI
           Pour obvier a ces dangiers
           Mon mieux est, ce croy, de partir
           Adieu ! Je m'en vois à Angiers,
           Puisqu'el ne me veult impartir
           Sa grace, ne la me departir,
           Par elle meurs, les membres sains ;
           Au fort, je suis amant martir
           Du nombre des amoureux sains.

                               VII
                                                                                                                           
           Combien que le départ me soit
           Dur, si faut-il que je l'eslongne :
           Comme mon povre sens conçoit,
           Autre que moy est en quelcongne,
           Dont oncques soret de Boulongne
           Ne fut plus alteré d'umeur.
           C'est pour moy piteuse besongne :
           Dieu en vueille oïr ma clameur !

                                VIII

            Et puis que departir me fault,
            Et du retour ne suis certain
            ( Je ne suis homme sans défault
            Ne qu'autre d'acier ne d'estain,
            Vivre aux humains est incertain
            Et après mort n'y a relaiz,
            Je m'en vois en pays loingtain ),
            Si establis ce present laiz.

                                 IX

            Premierement, ou nom du Pere,
            Du Filz et du Saint Esperit,
            Et de sa glorieuse Mere
            Par qui grace riens ne perit,
            Je laisse, de par Dieu, mon bruit
            A maistre Guillaume Villon,
            Qui en l'honneur de son nom bruit,
            Mes tentes et mon pavillon
                                                                                                              
                                  X

            Item, a celle que j'ai dit,                                                                                pinterest.fr
Nicolò Simonelli in the wunderkammer of Flavio Chigi, attributed to Giovanni Maria Morandi. Private collection.  http://www.rocaille.it/salvator-rosa-1615-1673/            Qui si durement m'a chassié
            Que je suis de joye interdit
            Et de tout plaisir dechassié,
            Je laisse mon cuer enchassié
            Palle, piteux, mort et transy :
            Elle m'a ce mal pourchassié,
            Mais Dieu luy en face mercy !
                                   XI                               

             Item, a maistre Ythier Marchant,
             Auquel je me sens tres tenu,
             Laisse monBranc d'acier tranchant,
             Ou a maistre Jehan le Cornu,
             Qui est en gaige detenu
             Pour ung escot huit solz montant ;
             Si vueil, selon le contenu,
             Qu'on leur livre, en leur rachetant.

                                   XII
                                                                                                            
              Item, je laisse a Saint Amant
              Le Cheval Blanc avec la Mulle,
              Et a Blarru mon dyamant
              Et l'Asne Roye, qui reculle.
              Et le decret qui articulle
              Omnis utriusque sexus,
              Contre la Carmeliste bulle
              Laisse aux curez, pour mettre sus.
                                                                                  
                                               
                                  XIII

              Et a maistre Robert Valee,
              Povre clerjot en Parlement,
              Qui n'entent ne mont me vallee,
              J'ordonne principalement
              Qu'on luy baille legierement
              Mes brayes, estans aux Trumillieres,
              Pour coeffer plus honnestement
              S'amye Jehanne de Millieres.
                              
                                 XIV
              Pour ce qu'il est de lieu honneste,
              Fault qu'il soit mieulx recompensé,
              Car Saint Esoerit l'admoneste,
              Obstant ce qu'il est insensé ;
              Pour ce, je me suis pourpensé,
              Puis qu'il n'a de sens qu'une aulmoire,
              A recouvrer sur Maupensé,
              Qu'on lui baille l'Art de Mémoire.

                                   XV
                                                                                                                      
              Item, pour assigner la vie
              Du dessusdit maistre Robert,
              ( Pour Dieu, n'y ayez point d'envie ! )
              Mes parens, vendez mon haubert,
              Et que l'argent, ou la plus part,
              Soit emploié, dedans ces Pasques,
              A acheter a ce poupart
              Une fenestre emprès Saint Jaques.
                                               
                                XVI

               Item, laisse et donne en pur don
               Mes gans et ma hucque de soye
               A mon amy Jacques Cardon,
               Le glan aussi d'une saulsoye,                                                      pinterest.fr
Mary Magdalene, Jan van Scorel, c. 1530 - Rijksmuseum               Et tous les jours une grasse oye                                                      
               Et ung chappon de haulte gresse,
               Dix muys de vin blanc comme croye,
               Et deux procès, que trop n'engresse.

                                  XVII
                                                                                                        
               Item, je laisse a ce noble homme,
               Regnier de Montigny, trois chiens ;
               Aussi a Jehan Raguier la somme            
               De cent frans, prins sur tous mes biens.
               Mais quoy ? Je n'y comprens en riens                                          
               Ce que je pourray acquerir :
               On ne doit trop prendre des siens,
               Ne son amy trop surquerir.
                                                                                                                  
                                 XVIII

               Item, au seigneur de Grigny
               Laisse la garde de Nijon,
               Et six chiens plus qu'a Montigny,
               Vicestre, chastel et donjon :
               Et a ce malostru chanjon,
               Mouton, qui le tient en procès,
               Laisse trois coups d'ung escourjon,
               Et couchier, paix et aise, es ceps.
                                         
                                XIX

               Et a maistre Jaques Raguier
               Laisse l'Abruvouër Popin,
               Pesche, poires, sucre, figuier,
               Toujours le choix d'ung bon loppin,
               Le trou de la Pomme de Pin,
               Clos et couvert, au feu la plante,
               Emmailloté en jacoppin ;
               Et qui voudra planter, si plante.

                                 XX

               Item, a maistre Jehan Mautaint
               Et maistre Pierre Basanier,                                                      
               Le gré du seigneur qui attaint
               Troubles, forfaiz, sans espargnier ;
               Et a mon procureur Fournier,
               Bonnetz cours, chausses semelees,
               Taillees sur mon cordouannier,                                                      monde-fantasy.com
Image associée               Pour porter durant ces gelees.
                                                                           
                                  XXI                       
             
               Item, a Jehan Trouvé, bouchier,
               Laisse le Mouton franc et tendre,
               Et ung tacon pour esmoucher
               Le beuf Couronné qu'on veult vendre,
               Et La Vache : qui pourra prendre
               Le vilain qui la trousse au col,
               S'il ne la rent, qu'on le puist pendre
               Et estrangler d'un bon licol !

                                  XXII

               Item, au Chevalier du Guet,
               Le Hëaulme luy establis ;
               Et aux pietons qui vont d'aguet
               Tastonnant par ces establis,
               Je leur laisse deux beaux riblis,
               La Lanterne a la Pierre au Let.
               Voire, mais j'auray les Troys Lis,
               S'ilz me mainent en Chastellet.

                                XXIII

               Item, a Perrenet Marchant,
               Qu'on dit le Bastart de la Barre,
               Pour ce qu'il est tres bon marchant,
               Luy laisse trois gluyons de fuerre
               Pµour estendre dessus la terre
               A faire l'amoureux mestier,
               Ou il luy fauldra sa vie querre,
               Car il ne scet autre mestier.

                                XXIV

               Item, au Loup et a Cholet
               Je laisse a la fois ung canart
               Prins sur les murs, comme on souloit,
               Envers les fossez, sur le tart,
               Et a chascun ung grant tabart
               De cordelier jusques aux piez,
               Busche, charbon et poix au lart,
               Et mes houseaulx sans avantpiez.
                                                                                                                                                 
                                XXV

               De rechief, je laisse, en pitié,
               A trois petis enfans tous nus
               Nommez en ce présent traictié,
               Povres orphelins impourveux,
               Tous deschaussiez, tous desvestus
               Et desnuez comme le ver ;
               J'ordonne qu'ilz soient pourveus,                                                         slava.kazykin.free.fr
               Au moins pour passer cest yver :
                                                                                                                
                               XXVI

               Premierement, Colin Laurens,
               Girart Gossouyn et Jehan Marceau,
               Despourveus de biens, de parens,
               Qui n'ont vaillant l'ance d'ung seau,
               Chascun de mes biens ung fesseau,
               Ou quatre blans, s'ilz l'ayment mieulx.
               Ilz mengeront maint bon morceau,
               Les enfans, quant je seray vieulx !

                                XXVII

               Item, ma nominacion,
               Que j'ay de l'Université,
               Laisse par resignacion
               Pour seclurre d'aversité
               Povres clers de ceste cité
               Soubz cest intendit contenus ;
               Charité m'y a incité,
               Et Nature, les voiant nus :

                              XXVIII

              C'est maistre Guillaume Cotin
              Et maistre Thibault de Vitry,
              Deux povres clers, parlans latin,
              Paisibles enfans, sans estry,
              Humbles, bien chantans au lectry ;
              Je leur laisse sans recevoir
              Sur la maison Guillot Gueuledry,
              En attendant de mieulx avoir.

                              XXIX

             Item, et j'adjoings a la crosse
             Celle de la rue Saint Anthoine,
             Ou un billart de quoy on crosse,
             Et tous les jours plain pot de Saine ;
             Aux pijons qui sont en l'essoine,
             Enserrez soubz trappe, volliere,
             Mon mirouër bel et ydoine
             Et la grace de la geolliere.

                             XXX

            Item, je laisse aux hospitaux
            Mes chassiz tissus d'arigniee,
            Et aux gisans soubz les estaux,
            Chascun sur l'oeil une grongniee,
            Trembler a chiere renfrongnee,
            Megres, velus et morfondus,
            Chausses courtes, robe rongniee,
            Gelez, murdris et enfondus.

                           XXXI
                                       
           Item, je laisse a mon barbier
           Les rongneuresde mes cheveulx,
           Plainement et sans destourbier,
           Au savetier mes souliers vieulx,
           Et au freppier mes habitz tieulx
           Que, quant du tout je les delaisse,
           Pour moins qu'ilz ne cousterent neufz
           Charitablement je leur laisse.
                                                                                                                                                     
                          XXXII
                                                            
           Item, je laisse aux Mendians,
           Aux Filles Dieu et aux Beguines,
           Savoureux morceaulx et frians,       
           Flaons,chappons et grasses gelines,
           Et puis preschier les Quinze Signes,
           Et abatre pain a deux mains.
           Carmes chevauchent nos voisines,
           Mais cela, ce n'est que du mains.

                            XXXIII

           Item, laisse le Mortier d'Or
           A Jehan, l'espicier, de la Garde,
           Une potence de Saint Mor,
           Pour faire ung broyer a moustarde.
           A celluy qui fist l'avant garde
           Pour faire sur moy griefz exploiz,
           De par moy saint Anthoine l'arde !
           Je ne luy feray autre laiz.

                            XXXIV

           Item, je laisse a Merebeuf
           Et a Nicolas de Louvieux,
           A chascun l'escaille d'ung oeuf,
           Plaine de frans et d'escus vieulx.
           Quant au concierge de Gouvieulx,
           Pierre de Rousseville, ordonne,
           Pour le donner entendre mieulx,
           Escus telz que le Prince donne.

                           XXXV

           Finablement, en escripvant,
           Ce soir, seulet, estant en bonne,
           Dictant ce laiz et descripvant,
           J'oïs la cloche de Serbonne,
           Qui tousjours a neuf heures sonne
           Le Salut que l'Ange predit ;
           Si suspendis et y mis bonne
           Pour prier comme le cier dit.

                        XXXVI

           Ce faisant, je m'entroublié,
           Non pas par force de vin boire,
           Mon esperit comme lié ;
           Lors je sentis dame Memoire
           Reprendre et mettre en son aumoire
           Ses especes collatéralles,
           Oppinative faulce et voire,
           Et autres intellectualles.

                       XXXVII

           Et mesmement l'estimative,
           Par quoy prospective nous vient,
           Similative, formative,                                                                          citadelle.org   
Image associée           Desquelles souvent il advient
           Que, par leur trouble, homme devient
           Fol et lunatique par mois :
           Je l'ay leu, se bien m'en souvient,
           En Aristote aucunes fois.

                         XXXVIII

           Dont le sensitif s'esvilla
           Et esvertua Fantaisie,
           Qui tous organes resveilla,
           Et tint la souveraine partie
           En suspens et comme amortie
           Par oppression d'oubliance
           Qui en moy s'estoit espartie
           Pour monstrer des sens l'aliance.

                         XXXIX
                                                                                                                 
          Puisque mon sens fut a repos
          Et l'entendement demeslé,
          Je cuidé finer mon propos ;
          Mais mon ancre trouvé gelé
          Et mon cierge trouvé soufflé ;                                                       
          De feu, je n'eusse peu finer ;
          Si m'endormis, tout emmouflé,
          Et ne peus autrement finer.

                          XL

          Fait au temps de ladite date
          Par le bien renommé Villon,
          Qui ne m'enjue figue ne date
          Sec et noir comme escouvillon,
          Il n'a tente ne pavillon
          Qu'il n'ait laissié a ses amis,
          Et n'a mais qu'ung peu de billon
          Qui sera tantost a fin mis.

                                                                                                                   
                  François Villon
François né Corbeuil dit Villon aussi François de Moncorbier dit Villon