jeudi 16 novembre 2017

Les fées de France Alphonse Daudet ( Nouvelle France )

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                                                               Les Fées

                                           Conte fantastique

            - Accusée, levez-vous, dit le président.
            Un mouvement se fit au banc hideux des pétroleuses, et quelque chose d'informe et de grelottant vint s'appuyer contre la barre. C'était un paquet de haillons, de trous,de pièces, de ficelles, de vieilles fleurs, de vieux panaches et là-dessous une pauvre figure fanée, tannée, ridée, crevassée, où la malice de deux petits yeux noirs frétillait au milieu des rides comme un lézard à la fente d'un vieux mur.
            - Comment vous appelez-vous ? lui demanda-t-on.
            - Mélusine.
            - Vous dites ?...
           Elle répéta gravement :
            - Mélusine.
            Sous sa forte moustache de colonel de dragons, le président eut un sourire, mais il continua sans sourciller :
            - Votre âge ?                                                                                    giphy.com
Image associée            - Je ne sais plus.
            - Votre profession ?
            - Je suis fée !...
            Pour le coup l'auditoire, le conseil, le commissaire du gouvernement lui-même, tout le monde partit d'un grand éclat de rire ; mais cela ne la troubla point, et de sa petite voix claire et chevrotante, qui montait haut dans la salle et planait comme une voix de rêve, la vieille reprit :
            - Ah ! les fées de France, où sont-elles ? Toutes mortes, mes bons messieurs. Je suis la dernière ; il ne reste plus que moi... En vérité, c'est grand dommage, car la France était bien plus belle quand elle avait encore ses fées. Nous étions la poésie du pays, sa foi, sa candeur, sa jeunesse. Tous les endroits que nous hantions, les fonds de parcs embroussaillés, les pierres des fontaines, les tourelles des vieux châteaux, les brumes d'étangs, les grandes landes marécageuses, recevaient de notre présence je ne sais quoi de magique et d'agrandi. A la clarté fantastique des légendes, on nous voyait passer un peu partout, traînant nos jupes dans un rayon de lune, ou courant sur les prés à la pointe des herbes. Les paysans nous aimaient, nous vénéraient.
            Dans les imaginations naïves, nos fronts couronnés de perles, nos baguettes, nos quenouilles enchantées, mêlaient un peu de crainte à l'adoration. Aussi nos sources restaient toujours claires. Les charrues s'arrêtaient aux chemins que nous gardions ; et comme nous donnions le respect de ce qui est vieux, nous, les plus vieilles du monde, d'un bout de la France à l'autre on laissait les forêts grandir, les pierres crouler d'elles-mêmes.
Résultat de recherche d'images pour "drak lutin"*            Mais le siècle a marché. Les chemins de fer sont venus. On a creusé des tunnels, comblé les étangs, et fait tant de coupes d'arbres, que bientôt nous n'avons plus su où nous mettre. Peu à peu les paysans n'ont plus cru en nous. Le soir, quand nous frappions à ses volets, Robin disait : " C'est le vent " et se rendormait. Les femmes venaient faire leurs lessives dans nos étangs. Dès lors c'a été fini pour nous. Comme nous ne vivions que de la croyance populaire, en la perdant, nous avons tout perdu. La vertu de nos baguettes s'est évanouie, et de puissantes reines que nous étions, nous nous sommes trouvées de vieilles femmes, ridées, méchantes comme des fées qu'on oublie ; avec cela notre pain à gagner et des mains qui ne savaient rien faire. Pendant quelque temps, on nous a rencontrées dans les forêts traînant des charges de bois mort, ou ramassant des glanes au bord des routes. Mais les forestiers étaient durs pour nous, les paysans nous jetaient des pierres. Alors, comme les pauvres qui ne trouvent plus à gagner leur vie au pays, nous sommes allées la demander au travail des grandes villes.
            Il y en a qui sont entrées dans des filatures. D'autres ont vendu des pommes, l'hiver, au coin des ponts, ou des chapelets à la porte des églises. Nous poussions devant nous des charrettes d'oranges, nous tendions aux passants des bouquets d'un sou dont personne ne voulait, et les petits se moquaient de nos mentons branlants, et les sergents de ville nous faisaient courir, et les omnibus nous renversaient. Puis la maladie, les privations, un drap d'hospice sur la tête... Et voilà comme la France a laissé toutes ses fées mourir. Elle en a été bien punie !
            Oui, oui, riez, mes braves gens. En attendant nous venons de voir ce que c'est qu'un pays qui n'a plus de fées. Nous avons vu tous ces paysans repus et ricaneurs ouvrir leurs huches aux Prussiens et leur indiquer les routes. Voilà ! Robin ne croyait plus aux sortilèges, mais il ne croyait pas davantage à la patrie... Ah ! si nous avions été là,  nous autres de tous ces Allemands qui sont entrés en France, pas un seul ne serait sorti vivant. Nos draks, nos feux follets, les auraient conduits dans des fondrières. A toutes ces sources pures qui portaient nos noms, nous aurions mêlé des breuvages enchantés qui les auraient rendus fous ; et dans nos assemblées, au clair de lune, d'un mot magique, nous aurions si bien confondu les routes, les rivières, si bien enchevêtré de ronces, de broussailles, ces dessous de bois où ils allaient toujours se blottir, que les petits yeux de chat de M. de Moltke n'auraient jamais pu s'y reconnaître. Avec nous, les paysans auraient  marché. Des grandes fleurs de nos étangs nous aurions fait des baumes pour les blessures, les fils de la Vierge nous auraient servi de charpie ; et sur les champs de bataille, le soldat mourant aurait vu la fée de son canton se pencher sur ses yeux à demi fermés pour lui montrer un coin de bois, un détour de route, quelque chose qui lui rappelle le pays. C'est comme cela qu'on fait la guerre nationale, la guerre sainte. Mais hélas ! dans les pays qui ne croient plus, dans les pays qui n'ont plus de fées, cette guerre-là n'est pas possible.
            Ici la petite voix grêle s'interrompit un moment, et le président la parole :
Image associée   *         - Tout ceci ne nous dit pas ce que vous faisiez du pétrole qu'on a trouvé sur vous quand les soldats vous ont arrêtée.
            - Je brûlais Paris, mon bon monsieur, répondit la vieille très tranquillement. Je brûlais Paris parce que je le déteste, parce qu'il rit de tout, parce que c'est lui qui nous a tuées. C'est Paris qui a envoyé des savants pour analyser nos belles sources miraculeuses, et dire au juste ce qu'il entrait de fer et de souffre dedans. Paris s'est moqué de nous sur ses théâtres. Nos enchantements sont devenus des trucs, nos miracles des gaudrioles, et l'on a vu tant de vilains visages passer dans nos robes roses , nos chars ailés, au milieu de clairs de lune en feu de Bengale, qu'on ne peut plus penser à nous sans rire... Il y avait des petits enfants qui nous connaissaient par nos noms, nous aimaient, nous craignaient un peu ; mais au lieu des beaux livres tout en or et en images, où ils apprenaient notre histoire, Paris maintenant leur a mis dans les mains la science à la portée des enfants, de gros bouquins d'où l'ennui monte comme une poussière grise et efface dans les petits yeux nos palais enchantés et nos miroirs magiques... Oh ! oui, j'ai été contente de le voir flamber votre Paris... C'est moi qui remplissais les boîtes des pétroleuses, et je les conduisais moi-même aux bons endroits :
" Allez, mes filles, brûlez tout, brûlez, brûlez ! "
            - Décidément cette vieille est folle, dit le président. Emmenez-la.

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                                                                                    Alphonse Daudet

                                                 Ce conte parut dans l'Evènement en avril 1872
       
           






















































































































































































































dimanche 12 novembre 2017

Journal secret 4 ( extraits )Pouchkine ( Russie )

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                                                              Journal secret

                                                                          ( extraits )

            J'ai réussi à convaincre N. que d'Anthès a la syphilis et qu'il infecterait toute femme. J'ai appris à N. qu'un homme atteint de la syphilis traverse des périodes où ses symptômes disparaissent temporairement et pendant lesquels il peut devenir moins contagieux, tout en le restant. Pendant de telles périodes l'homme malade se montre particulièrement passionné. C'est ainsi que j'ai tenté de préserver N. de d'Anthès. Elle y a cru jusqu'à ce que Katka prouvât par son propre exemple que c'était un mensonge.
            Souvent, à la suite de longues danses avec lui, sur le chemin du retour, après le bal, elle me confiait qu'une fois de plus il avait eu " une rémission de sa maladie ". Un éclair traversait ses yeux et elle répondait à mes baisers avec une passion ardente. Pendant ces moments, je pensais que je devrais être reconnaissant envers d'Anthès pour avoir provoqué ce désir dont je profitais de bon coeur. Il est arrivé un moment où, lorsque N. se montrait indifférente à mes tendresses, je me surprenais à penser que je ferais mieux de l'emmener au bal pour que d'Anthès la serre contre lui pendant une danse et éveille son excitation pour la nuit, pour moi. J'étais révulsé par ces pensées, mais je n'y pouvais rien, et je n'ai finalement plus ressenti qu'une joie malicieuse.
            Regardant n'importe quel homme la courtiser, je chuchotais méchamment :
            - " Vous travaillez tous pour moi ! " Mais la jalousie me faisait enrager. Une fois durant un bal j'ai remarqué que N. dansait avec le comte H. et lui avait permis de lui embrasser la main trois fois. Quand nous sommes rentrés à la maison j'ai arraché le poignard du mur, j'ai brutalement enserré N. contre moi, sur mes genoux, et j'ai posé le poignard contre sa gorge.
             - Confesse-toi, ai-je hurlé, est-ce que tu couches avec lui ?
             N. était terrorisée et son corps se tordait comme convulsé par des vagues d'orgasme.
            - Je jure sur nos enfants que je te suis fidèle, dit N. la voix brisée, le regard dans le mien.
Image associée            J'étais prêt à la poignarder si elle avait hésité à répondre ou détourner les yeux, et elle le sentit. Comment pouvais-je ne pas la croire après un tel serment ? Je l'ai fait glisser de mes genoux et elle s'est écroulée à terre. Chaque attaque de jalousie se terminait par un désir sauvage. Gémissante, à terre, la robe troussée ses cuisses étaient couvertes de sang....... Ma femme venait de faire une fausse couche.
            Après la naissance de notre premier enfant j'ai décidé de ne plus jamais me trouver à proximité pour ne pas entendre ses cris terribles. Elle avait hurlé de façon si déchirante que j'avais fondu en larmes....... J'ai été délibérément en retard pour la deuxième naissance, mais Dieu s'est rattrapé en faisant de moi le témoin d'une fausse couche.
            Dans le sang il y avait un caillot où l'on pouvait distinguer un          bmagic.org.uk                         embryon au visage de poisson.
                                           Heureusement, le saignement s'est vite arrêté, la douleur a cessé.........

                                                                  *****************

                                      .............

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            Je ne me sens en paix que lors de ses grossesses, parce que N. est obnubilée par les préparatifs de la naissance, ce qui a au moins l'avantage d'apaiser sa coquetterie, même si elle n'est jamais complètement bannie. C'est pourquoi je m'efforce de la garder enceinte, bien que cela me ruine. En procréant, je m'endette.
Image associée            L'autre intérêt de la grossesse de N. c'est qu'elle pardonne ma boulimie des autres femmes. Au cours des derniers mois de sa grossesse elle ne m'a pas laissé l'approcher parce que les docteurs lui ont dit que c'était très dangereux pour l'enfant. Elle n'a cédé à aucun argument, je me suis énervé et j'ai dit que j'irai chez une p... A ma surprise N., calmement a simplement souhaité que ce fût réellement une p... et pas une maîtresse quelconque.
            Ce fut ainsi que je confessai mon adultère pour la première fois et que j'obtins la permission de coucher avec des prostituées.................
            N. tolérait les catins mais sa jalousie envers les autres femmes s'aggravait d'une manière incroyable...................
   soundcloud.com                                    Maintenant elle comprend tout par elle-même.....................
            Non, N. ne m'aime pas, je m'en aperçois, et je fais tout pour aggraver son indifférence. Quand le désir s'éveille en elle, elle me laisse le combler, le reste du temps elle ne fait que me tolérer.

                                                                           ****************

            N. est devenue jalouse de moi et de Katrin et a décidé de la faire épouser par Khalustine, mais j'ai effrayé ce dernier avec la menace d'un duel, et le couard a disparu.
            N. m'a avoué plus tard, mais je l'avais déjà compris, qu'elle avait installé ses soeurs chez nous dans un dessein précis. Les sauver des gifles de leur mère et des griffes du dément qu'elles avaient pour père n'en était pas la seule raison. N. préférait que je me laisse séduire par elles plutôt que par des inconnues. Pauvre fille elle ne comprenait pas qu'un feu de forêt ne peut pas simplement brûler un arbre et s'éteindre. Au contraire plus il consume d'arbres plus il devient fort. Mais je ne voulais pas lui expliquer cela, et je me suis juste frotté les mains...........

                                                                           *****************

            .............. J'ai une drôle de progéniture, ainsi que l'aurait dit le regretté Delvig. Les enfants sont les défenseurs de ma vie de famille et préservent leur mère de la tentation. Plus il y a d'enfants mieux c'est. En ce qui me concerne, chacune de ses grossesse m'apparaît comme une providence qui excuse mes adultères.
             J'adore le ventre rond de N. à l'endroit où son nombril disparaît et où une tâche sombre le remplace...................
            Plus nombreuses sont nos années de mariage moins cela m'intéresse d'y consacrer beaucoup d'efforts. Je me force en esprit à faire preuve de zèle, il me dit de ne pas laisser ma femme insatisfaite sous peine de la voir se jeter dans les bras d'un amant............
Image associée            ............. Je n'ai pas de temps pour les enfants. L'écriture et les femmes me laissent rarement du temps pour jouer avec Mashka et Saska ( fils de P. 1833-1914 ), Grishka ( fils de P. 1835-1905 ) et Natashka ( fille de P. 1836-1913 ) en sont encore au stade de l'inconscience infantile et je n'ai rien à faire avec eux. Le plus grand plaisir qu'ils m'apportent est de pouvoir les exhiber devant mes invités. Je me sens si fier d'eux, comme après avoir composé un bon poème........ leurs visages font penser à ceux de chatons....... Mais en général les enfants m'ennuient et j'essaie de me tenir à l'écart. Leurs pleurs et leurs maladies, leurs chamailleries ne me permettent pas de me concentrer et consument mon temps. J'ai juste assez de patience pour une demi-heure, il me faut ensuite m'enfuir.........
            J'ai engendré mes enfants sans prendre en considération leurs          souffrances futures, ne cherchant qu'à me préserver de la douleur, de la douleur que provoque ma jalousie envers N.........                                                                revelessencedesoi.com
Souvent je regarde leurs petites mains, leurs jambes, leurs visages, et le simple fait de savoir qu'ils sont la chair de ma chair m'empreint d'une admiration poétique, malheureusement vite remplacée par le sentiment d'avoir été trahi, appâté jusque dans une cage puis enfermé à l'intérieur. La responsabilité permanente à l'égard des enfants est une cage dont je ne pourrai jamais m'échapper.
            La responsabilité m'oppresse, même si c'est un choix volontaire. Je me suis laissé entraîné dans la spirale des coutumes humaines et je l'ai suivie jusqu'au bout malgré les avertissements de mon esprit.
            Je suis maintenant convaincu qu'il ne sortira rien de bon de ma vie de famille. De telles confessions ne font rien pour accroître mes sentiments paternels.
            Avant je ne protégeais que mon propre honneur, puis celui de ma femme aussi. Aujourd'hui il me faut m'occuper de l'honneur de mes enfants et de mes belles-soeurs. L'honneur que j'ai pour mission de protéger est devenu si étendu depuis mon mariage qu'il s'en trouve incroyablement palpable. Il me faut être vigilant à chaque instant. L'existence même de d'Anthès empiète sur ma dignité. Par conséquent il me faudra me battre avec lui sans délai.
            Le Tsar m'a dit qu'il prendrait soin de N. et des enfants dans l'éventualité de ma mort, comme si elle était arrêtée. Cela a offensé mon honneur, car c'est le genre de soins que l'on prodigue à sa concubine..............
            A quelque chose malheur est bon : grâce la paternité j'ai rencontré des nourrices. C'est un plaisir spécial........................

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            Les femmes pleines de fausseté : les dames de la société prétendent qu'elles ne veulent pas et les putains prétendent qu'elles veulent.

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            Il existe deux bonheurs : le premier se fait jour quand vous allez plein d'impatience voir une femme, et l'autre quand vous vous en retournez soulagé d'elle et du désir.

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            Le comte M. est revenu de Paris et je l'ai assailli de questions sur les femmes de là-bas. Il a dit qu'elles étaient d'une beauté incroyable, et que même les p... des rues avaient l'air de reines.
            Je suis devenu curieux :
            - Combien en as-tu essayé ?                                                                      fineartamerica.com 
Image associée            - Aucune, a-t-il dit.
            Je me suis imaginé à sa place et j'ai ragé :
            - Comment as-tu plu laisser passer une telle chance ?
            Tandis que j'exprimais ma surprise à propos de son manque d'initiative et que je le plaignais d'avoir ainsi perdu son temps à Paris, M. n'a rien dit et s'est contenté de me regarder tristement.
            - Pourquoi, mais pourquoi n'en as-tu pas baisé au moins une ? je ne pouvais pas m'arrêter.
            - Eh bien, parce que j'aime ma femme, voilà pourquoi, a répondu le comte.
            Et j'ai eu honte face à une explication aussi simple.

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            Comme c'est écoeurant de prendre conscience que toutes les femmes ne me veulent pas.

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            Pour les hommes qui ne tâtent pas de la variété pendant le célibat, le désir s'en va lentement dans le mariage. Par conséquent ils ne s'en aperçoivent pas, et quand ils s'en aperçoivent c'est trop tard, car ils sont déjà vieux. Ma passion pour ma femme s'est éteinte un mois après le mariage..........

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            Après avoir goûté au fruit défendu, Adam et Eve apprirent la honte et eurent honte de leur nudité. La honte fut créé par le Diable, si bien que Dieu détermina qu'ils avaient commis un péché en reconnaissant leur honte. Pour leur désobéissance, Dieu les expulsa du Paradis mais leur laissa le plaisir en consolation. En copulant Adam et Eve ne ressentirent pas la culpabilité et cette innocence leur rappela leur séjour au Paradis. Il en est de même pour les amants. Le Paradis leur vient de leur conscience réciproque. Mais le Diable ne se reposa pas et créa la société humaine qu'il affligea d'une honte incommensurable.
            Dieu permit à l'homme d'avoir une femme sachant que le péché de frissons de la chair n'est que passager, mais il ne lui permit pas le moins du monde de forniquer avec une nouvelle femme. Le péché revit et dure grâce à la diversité de femmes qu'offre la société. L'être humain est l'oeuvre de Dieu et la société humaine est l'oeuvre du Diable.
            Pour la transgression Dieu n'expulsa pas seulement Adam et Eve du Paradis mais décupla aussi les interdictions. Enfreignez-en une seule et vous n'irez pas au Paradis. J'en ai transgressé une en forniquant et j'en violerai une seconde quand je me débarrasserai de d'Anthès.

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            Les mensonges des humains sont nés de la honte. La honte est la dissimulation de ce que vous possédez. En nous débarrassant de la honte nous nous débarrassons du mensonge et il ne restera rien de la diabolique société humaine. Il n'y aura plus sur Terre que des amants heureux.

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Image associée            Je regarde les centaines de livres qui ornent mon bureau et me rends compte que, pour la plupart, je ne les ai pas touchés depuis la première fois où je les ai lus ou feuilletés. Mais il ne me vient même pas à l'esprit de m'en débarrasser, qu'adviendra-t-il si un jour j'ai envie d'ouvrir celui-ci ou celui-là ? J'ai dépensé mes derniers roubles tant pour l'acquisition de nouveaux livres que pour me payer des putains. Acheter des livres est un plaisir très différent de celui de la lecture : examiner minutieusement, sentir, feuilleter un nouveau livre est un bonheur en soi.
            La disponibilité des livres me donne confiance, je peux toujours profiter d'eux si je choisis de le faire. Il en est de même avec les femmes, et il m'en faut beaucoup, elles doivent s'ouvrir devant moi à la manière des livres. En vérité, pour moi, les livres et les femmes se ressemblent beaucoup. Ouvrir un livre c'est comme écarter les jambes d'une femme, la connaissance se dévoile sous vosyeux. Chaque livre a sa propre odeur. Lorsque vous l'ouvrez, le respirez vous sentez l'encre, et pour chaque livre c'est différent. Couper les pages d'un livre vierge est un plaisir indescriptible. Même un ouvrage stupide me donne du plaisir quand je le manie pour la première fois. Plus le livre est intelligent plus il m'attire, et la beauté de la couverture ne m'importe pas. Ce qui n'est pas toujours le cas avec les femmes.
            De même qu'une femme peut avoir du plaisir avec n'importe quel homme habile, un livre s'offre à celui qui s'en saisit. Il distillera le plaisir délicat de son savoir à quiconque est capable de le comprendre. Je suis donc jaloux de mes livres et n'aime pas les prêter à qui que ce soit. Ma bibliothèque est mon harem.


                                                                              ( à suivre ........... )



 











            

vendredi 10 novembre 2017

Trois ans après Victor Hugo ( Poème France )

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                                                         Trois ans après

            Il est temps que je me repose ;
            Je suis terrassé par le sort.
            Ne me parlez pas d'autre chose
            Que des ténèbres où l'on dort !

            Que veut-on que je recommence ?
            Je ne demande désormais
            A la création immense
            Qu'un peu de silence et de paix !

            Pourquoi m'appelez-vous encore ?
            J'ai fait ma tâche et mon devoir.
            Qui travaillait avant l'aurore,
            Peut s'en aller avant le soir.

            A vingt ans, deuil et solitude !
            Mes yeux baissés vers le gazon,
            Perdirent la douce habitude
            De voir ma mère à la maison.

            Elle nous quitta pour la tombe ;
            Et vous savez bien qu'aujourd'hui
            Je cherche, en cette nuit qui tombe,
            Un autre ange qui s'est enfui !


            Vous savez que je désespère,                                                                          comvv.fr
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             Et que je souffre comme père,
             Moi qui souffris tant comme enfant !

            Mon oeuvre n'est pas terminée,
            Dîtes-vous. Comme Adam banni,
            Je regarde ma destinée,
            Et je vois bien que j'ai fini.

            L'humble enfant que Dieu m'a ravie
            Rien qu'en m'aimant savait m'aider ;
            C'était le bonheur de ma vie
            De voir ses yeux me regarder.

            Si ce Dieu n'a pas voulu clore
            L'oeuvre qu'il me fit commencer,Il
            S'il veut que je travaille encore,
            Il n'avait qu'à me la laisser !

            Il n'avait qu'à me laisser vivre
            Avec ma fille à mes côtés,
            Dans cette extase où je m'enivre
            De mystérieuses clartés !

            Ces clartés, jour d'une autre sphère,
            O Dieu jaloux, tu nous les vends !
            Pourquoi m'as-tu pris la lumière
            Que j'avais parmi les vivants ?

            As-tu donc pensé, fatal maître,
            Qu'à force de te contempler,
            Je ne voyais plus ce doux être
            Et qu'il pouvait bien s'en aller !Qu'i

            T'es-tu dit que l'homme, vaine ombre,
            Hélas ! perd son humanité
            A trop voir cette splendeur sombre
            Qu'on appelle la vérité ?

            Qu'on peut le frapper sans qu'il souffre,                                                     victorhugo2002.culture.fr
Résultat de recherche d'images pour "victor hugo"            Que son coeur est mort dans l'ennui,
            Et qu'à force de voir le gouffre,
            Il n'a plus qu'un abîme en lui ?

            Qu'il va, stoïque, où tu l'envoies,
            Et que désormais, endurci,
            N'ayant plus ici-bas de joies,           
            Il n'a plus de douleurs aussi ?

            As-tu pensé qu'une âme tendre
            S'ouvre à toi pour se mieux fermer
            Et que ceux qui veulent comprendre
            Finissent par ne plus aimer ?

            O Dieu ! vraiment, as-tu pu croire
            Que je préférais, sous les cieux,
            L'effrayant rayon de ta gloire
            Aux douces lueurs de ses yeux !

            Si j'avais su tes lois moroses,
            Et qu'au même esprit enchanté
            Tu ne donnes point ces deux choses,
            Le bonheur et la vérité,

            Plutôt que de lever tes voiles,
            Et de chercher, coeur triste et pur,
            A te voir au fond des étoiles,
            O Dieu sombre d'un monde obscur,

            J'eusse aimé mieux, loin de ta face,
            Suivre, heureux, un étroit chemin,
            Et n'être qu'un homme qui passe
            Tenant son enfant par la main !

            Maintenant, je veux qu'on me laisse !
            J'ai fini ! le sort est vainqueur.
            Que vient-on rallumer sans cesse
            Dans l'ombre qui m'emplit le coeur ?

            Vous qui me parlez, vous me dites
             Qu'il faut, rappelant ma raison,
             Guider les foules décrépites
             Vers les lueurs de l'horizon ;

            Qu'à l'heure où les peuples se lèvent,
            Tout penseur suit un but profond ;
             Qu'il se doit à tous ceux qui rêvent,
             Qu'il se doit à tous ceux qui vont !
                                                                                                                             information.tv5monde.com
Résultat de recherche d'images pour "victor hugo"            Qu'une âme qu'un feu pur anime,
             Doit hâter, avec sa clarté,                                                               
             L'épanouissement sublime
             De la future humanité ;
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            Qu'il faut prendre part, coeurs fidèles,
            Sans redouter les océans,
            Aux fêtes des choses nouvelles,
            Aux combats des esprits géants !

            Vous voyez des pleurs sur ma joue,
             Et vous m'abordez mécontents,
            Comme par le bras on secoue
            Un homme qui dort trop longtemps.

            Mais songez à ce que vous faîtes !
            Hélas ! cet ange au front si beau,
            Quand vous m'appelez à vos fêtes,
            Peut-être a froid dans son tombeau.

            Peut-être, livide et pâlie,
            Dit-elle dans son lit étroit :
            " Est-ce que mon père m'oublie 
            " Et n'est plus là, que j'ai si froid ? "

            Quoi ! lorsqu'à peine je résiste
            Aux choses dont je me souviens,
            Quand je suis brisé, las et triste,
            Quand je l'entends qui me dit : " Viens ! "

            Quoi ! vous voulez que je souhaite,
            Moi, plié par un coup soudain,
            La rumeur qui suit le poète,
            Le bruit que fait le paladin !
                                                                                                                    jardin-secrets.com   
Résultat de recherche d'images pour "victor hugo"            Vous voulez que j'aspire encore
             Aux triomphes doux et dorés !
             Que j'annonce aux dormeurs l'aurore !
             Que je crie  : " Allez ! espérez ! "

            Vous voulez que dans la mêlée,
            Je rentre ardent parmi les forts,
            Les yeux à la voûte étoilée... -
            Oh ! l'herbe épaisse où sont les morts !


                                                                  Victor Hugo
                                                                                        Novembre 1846
                                                                           
         




         
         
         

            

mardi 7 novembre 2017

La disparition de Josef Mengeié Olivier Guez ( Roman France )

La disparition de Josef Mengele
         fnac.com

       Prix Renaudot 2017

                                                         La disparition de Josef Mengelé

            Le 22 juin 1949 Josef Mengele devient Helmut Gregor, jusqu'à la fin de sa vie, en mettant le pied sur le sol argentin. L'homme qui fut un des hommes de main les plus cruels d'Aushwitz, le docteur Mengele qui envoyait directement au four crématoire des wagons entiers de juifs, arrivés de Hongrie, de Pologne, de France et d'ailleurs, coupant les cheveux vendus aux usines qui fabriquaient avec du feutre, extrayaient les yeux des bébés, et d'autres crimes abominables, fuit après 1945, se cache, "....... s'est noyé dans la Wermacht pour échapper aux griffes de l'Armée rouge...... " interné et relâché, il se cacha dans une ferme " fleurie de Bavière non loin de Günzburg sa ville natale ...... " Enfin l'arrivée en Italie où un passeur aide les nombreux nazis à traverser l'Atlantique et trouver refuge à Buenos Aires. L'homme aux incisives du bonheur ou et de la chance, est riche fils d'une famille soudée qui le soutiendra jusqu'à la fin, cependant sa femme Irène ne le suit pas, restée en Allemagne elle élève leur fils qui ignora longtemps les ignominies de son père, celui-ci nie et affirme n'avoir fait que son devoir, qu'il fit sans état d'âme. Mais si Peron et Evita arrivés au pouvoir protègent tous ces Allemands venus cacher leurs méfaits, ses successeurs seront plus prudents. Et Mengele Gregor homme au front bombé et à la grosse moustache est obligé de fuir encore, d'un pays à l'autre, la traque s'organise en Europe, mollement soutenue par les pays sud-américains. Simon Wiesenthal, survivant de la Shoah est actif, le Mossad est sur la piste d'Eichmann arrêté et jugé en Israël. Gregor, amateur de poésie et de musique classique allemandes, a peur, habite dans des fermes qu'il acquiert en partie grâce aux dollars dont profitent les habitants. Violent, caché sous un grand chapeau son périple le mène au Brésil et alentour, protégé et surtout aidé par quelques nazis qui espèrent l'arrivée d'un 4è Reich. Lorsque les recherches semblent au point mort, actif il conduit des sociétés, sort avec certains, rencontre même Borges devenu Directeur de la Bibliothèque Nationale de Buenos Aires. Mais nerveux, acariâtre il mâchonne sa moustache, avale les poils qui vont provoquer une occlusion intestinale. Les protecteurs âgés disparaissent, Gregor affolé se cache dans une masure, toujours en possession de sa valise remplie de fioles et de seringues qui lui permirent de procéder quelques avortements lors de son arrivée, à de très jeunes filles. Et ce sera la lutte finale, qui des juges ou de l'assassin gagnera la partie.


















vendredi 3 novembre 2017

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 81 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )


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                                                                                                                         1er Novembre 1662

            Levé et après un moment passé avec mes ouvriers, réunion à mon bureau. A midi j'ai retrouvé Mr Creed chez moi et nous sommes allés à Trinity House pour un grand dîner où nous étions invités. Beaucoup de monde. Il semble qu'un certain commandant Evens donne aujourd'hui un dîner de Frère aîné. Un certain Mr Oudart, secrétaire de feue la princesse d'Orange, nous raconta, entre autres, comment on empêche les grands chemins de se creuser en Hollande et aussi en Flandres où le sol est aussi bourbeux que chez nous, en attelant les chevaux aux charrettes et aux chariots comme on le fait aux carrosses chez nous. Je voudrais qu'il en fût de même ici pour rendre les routes meilleures. Je crois que ce n'est pas un mauvais procédé là où la largeur est suffisante.
            Puis à mon bureau appelé pour voir de nouveau Mr Leigh de la part de sir Henry Bennet. Lui, moi, Wade et son informateur et des ouvriers dans les caves de la Tour pour faire un nouvel essai. Nous restâmes deux ou trois heures à piocher et nous creusâmes beaucoup, toujours sous les voûtes, comme on nous l'indiquait maintenant avec une grande conviction. Et si sérieusement et avec de soi-disant si bonnes raisons, que je croyais, moi-même, que nous allions réussir. Mais nous ne trouvâmes rien, et repartîmes pour la deuxième fois Gros-Jean comme devant. Puis à mon bureau et Mr Leigh repartit en voiture à Whitehall, et moi, comme convenu, à la taverne du Dauphin pour retrouver Wade, et l'autre, le capitaine Evett qui, maintenant, me déclare nettement que celui qui l'a incité à cette entreprise tenait ses renseignements de la bouche même de Barkstead et avait reçu ses conseils  juste avant le retour du roi..... et qu'il avait toujours été dans toute la confidence de Barkstead qui allait jusqu'à lui confier sa vie et tous ses biens. De sorte qu'il me persuada largement qu'il y avait un solide fondement à notre aventure. Mais je crains qu'il n'ait trouvé un moyen de le reprendre, sans l'aide de cet homme, avant de mourir..... Nous quittâmes donc et j'allai à mon bureau où, après avoir envoyé mes lettres par la poste, j'apprends que sir John Mennes est décidé à faire une chambre d'une partie de notre entrée et à partager l'arrière-cour entre sir William Penn et lui ce qui, sans que je voie en quoi cela me gênerait beaucoup, me tracasse quand même un peu, car je crains que cela ne soit en fait gênant en m'empêchant d'accéder à mon escalier de service. Mais ma situation n'est pas pire que la sienne ou celle de sir William Penn à qui il revient de s'en occuper.


                                                                                                         2 Novembre
                                                                                                              grandpalais.fr 
Image associée            Restai longtemps au lit, avec plaisir, à causer avec ma femme. N'ai jamais été plus satisfait d'elle, Dieu soit loué, que maintenant elle a continué à se montrer soigneuse, économe et simple, tant que je la préserve des occasions d'être autrement, et est aussi bonne ménagère.
            A l'église où Milles, après avoir lu l'office et s'être changé comme la dernière fois, fit un sermon fort ordinaire. Rentrai dîner avec ma femme, puis dans mes nouvelles pièces presque finies, et je me promenai là avec une grande satisfaction, causant avec ma femme jusqu'à l'heure de l'office, puis à l'église, et comme il y avait un prédicateur languissant je dormis tout le temps du sermon, et retour à la maison. Après avoir rendu visite aux deux sirs William, tous deux se remettent rapidement, à mon bureau préparer les affaires de demain pour le Duc. Rentrai et au lit, avec une certaine douleur pour uriner, pour avoir pris froid ce matin à rester trop longtemps les jambes nues à me gratter les cors.
            Passai une bonne partie de la soirée à lire, avec ma femme, l'Imposture de du Bartas et d'autres passages, livre que ma femme a récemment entrepris de lire, et qui est aussi beau que tout ce que j'ai lu.


                                                                                                                    3 Novembre
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Image associée            Levé et à Whitehall avec sir John Mennes dans son carrosse, chez le Duc. Mais il était parti pour la chasse. De là chez milord Sandwich. Il me donne chaque jour de plus grands témoignages de sa sa confiance et de son estime. Rencontrai Pearse, le chirurgien, qui me dit que lady Castlemaine est engrossée mais, bien que ce soit le fait du roi, comme son mari est à Londres et qu'il la voit quelques fois sans manger ni coucher avec elle, c'est à lui qu'on l'attribuera. Il me dit aussi que le duc d'York est tombé amoureux de milady Chesterfield, femme vertueuse fille de milord d'Ormond, à ce point que la duchesse d'York s'en est plainte au roi et à son père et que milady Chesterfiel est partie à la campagne. Toutes choses que je regrette, mais c'est le fait de la paresse et de n'avoir rien d'autre à quoi employer leur ardeur. De là avec Mr Creed et Mr Moore, sur pied et venu voir milord, chez Wilkinson. Je leur donnai ainsi qu'à Mr Howe leur dîner de boeuf rôti, ce qui m'a coûté 5 shillings. Emmenai ensuite Mr Moore en voiture jusqu'à Saint-Paul, afin de lui donner des directives pour mon procès, et rentrai à la maison voir mes ouvriers, de toutes sortes ensemble, terminer un grand nombre de travaux, ainsi à partir de demain je n'aurai presque rien à faire, qu'un peu de plâtrage et toute la peinture, ce qui me fit grand plaisir. Le soir à mon bureau, vinrent Mr Wade et Evett. Ils on revu leur premier informateur qui est, à ce que je vois, une femme. Et, bien que nous ayons échoué deux fois, ils font un tel exposé de la probabilité de la vérité de cette affaire, qu'ils vont s'y attaquer encore une fois, et j'y suis disposé et plein d'espoir. Nous décidâmes de nous y remettre mercredi matin et cette femme y sera sous un déguisement pour confirmer l'emplacement. Prirent congé, et à mon travail, puis chez moi trouver ma femme et le souper et au lit, ma douleur ayant disparu. De sorte que, par la grande faveur de Dieu, j'ai l'esprit dans un bon état de tranquillité.


                                                                                                                4 Novembre

            Fis la grasse matinée, conversant avec plaisir avec ma femme au lit. Il avait plu et il continue à pleuvoir à verse. Levé et réunion au bureau jusqu'à midi. Des lettres nous apprennent que sir Richard Stayner est mort en mer dans le Mary qui vient d'arriver de Lisbonne à Portsmouth, ce que nous regrettons car c'était un très brave marin.... Dînai à la maison avec ma femme et tout l'après-midi au milieu de mes ouvriers. Le soir travail à mon bureau, puis visite à sir William Penn encore malade mais qui souffre moins. Il en profita pour me parler de l'intentions de sir John Mennes qui lui interdira l'entrée de la cour et l'obligera à traverser le jardin pour aller chez lui. Cela le contrarie. Et je suis heureux de voir que sir John Mennes le traite exactement comme il me traite, et que son comportement envers moi dans l'affaire de nos maisons n'a rien de singulier, car ceci est plus sérieux que tout ce qu'il m'a fait, en donnant l'ordre qu'on lui ferme l'accès de sa maison sans même le consulter ou l'en informer. Et j'avoue qu'il procède de façon bien arrogante et bien vile. Retour à mon bureau et à la maison, souper et au lit.


                                                                                                      5 Novembre 1662
                                                                                                           culturebox.francetvinfo.fr  
Image associée            Levé et allai trouver mes peintres, qui peignent ma salle à manger, toute la journée. Le matin milady Batten me fit demander de venir lui parler et me dit fort civilement qu'elle ne voulait pas, et qu'elle espérait que je ne voulais pas non plus, qu'il n'y eût rien entre nous qui ne fût civil, bien qu'il n'y eût plus entre elle et ma femme les bons rapports de voisinage qui auraient dû être. Elle se plaignit que ma servante s'était moquée d'elle quand elle appela la sienne " Nan " dans sa propre maison. Elle me raconta quelques autres histoires semblables et que ma femme avait mal parlé d'elle. A tout cela je répondis avec beaucoup de respect, de façon à la contenter, et je suis en effet fâché qu'il en soit ainsi, bien que je ne désire pas que ma femme et elle soient liées. Je lui promis de m'être fin à tout cela. Rentrai et un peu plus tard sir William Penn me fit appeler à son chevet pour me dire de quelle façon arbitraire sir John Mennes avait décidé de prendre une de mes chambres, et qu'il était très fâché et échauffé, et dit qu'il en parlerait au Duc. A quoi, sachant que tout ceci n'était que pour m'alarmer et pour que je le fisse renoncer à sa décision de refaire l'entrée, je lui répondis nettement que je n'attachais pas plus d'importance à sa colère que lui à la mienne, et que j'étais décidé à faire ce que le Duc ordonnerait, sûr qu'il se montrerait équitable envers moi. Et c'est tout ce que je lui dis, bien que je fusse fort contrarié, et rentrai. Et racontant la chose à ma femme, elle me rendit courage, et je décide de lui proposer d'échanger les logements, et je crois que cela amènera d'une façon ou d'une autre la fin de cette querelle.
            Le soir j'appelai mes servantes et réprimandai Jane. Elle me répondit si humblement et si drôlement que, tout en semblant fâché, j'en fus fort content, ma femme aussi. Et le soir, au lit.


                                                                                                    6 Novembre

            Au bureau la matinée, et l'après-midi, jusque tard le soir, très occupé à répondre à la lettre de milord le trésorier, et l'esprit tracassé tant que nous ne serons pas arrivés à quelque règlement avec sir John Mennes pour nos logements. Puis rentrai. Et, après un agréable entretien et le souper, au lit. Et en rêve, je fus fort troublé de me trouver avec Will Swan, quelqu'un de très fanatique que je connais depuis longtemps, et il me semblait que j'étais pris et emprisonné avec lui pour complot, car en ce moment on ne parle que des récents complots.


                                                                                                       7 Novembre
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Image associée            Levé. Avec Mr Leigh venu me trouver, à la Tour nous livrer à notre troisième tentative sur la cave. Et puis on amène secrètement cette femme qui avait eu toute la confiance de Barkstead, et elle déclare que c'est assurément l'endroit où il avait dit que l'argent était caché, et où lui et elle ont placé les 50 000 livres dans des tonnelets à beurre. Et le jour même où il quitta l'Angleterre, il déclara que ni lui ni les siens ne pourraient profiter de cet argent, et par conséquent il souhaitait que ce fût elle et les siens. Puis nous quitta, et nous, pleins d'espoir, décidâmes de fouiller tout le sol de cette cave. jusqu'à 7 heures du soir. A midi nous dînâmes fort gaiement sur le fond d'un tonneau, puis de nouveau à l'oeuvre. Durant ce temps, Mr Leigh qui a beaucoup vécu en Espagne, nous raconta maintes belles histoires sur les coutumes et autres choses de ce pays, sur ma demande, à ma grande satisfaction. Mais enfin nous vîmes que nous nous étions trompés et, après avoir défoncé toute la cave, et avoir déplacé les tonneaux, nous fûmes contraints de payer nos portiers et de renoncer à nos espérances, bien que je sois convaincu qu'il doit y avoir quelque part de l'argent qu'il a caché, ou alors il a trompé cette femme dans l'espoir de la conduire à continuer à le servir, ce que je crois.
            Puis à Whitehall en voiture et au logis de milord je lui ai fait une lettre, puisqu'il n'était pas là, pour lui dire où on en était et je repartis, seulement, apprenant que Mrs Sarah est mariée, je remontai pour la féliciter et lui donner un baiser, qu'elle accepta volontiers. Il semble que c'est à un cuisinier. Je suis heureux qu'elle soit casée, car elle se fait vieille et est très travailleuse, et c'est quelqu'un à qui j'ai lieu de souhaiter du bien pour les services qu'elle m'a autrefois rendus. Puis chez mon frère où est ce soir ma femme, sur mon ordre, pour y rester une nuit ou deux pendant qu'on nettoie ma maison. Puis chez moi où je suis fâché de voir qu'au lieu d'avoir nettoyé une partie de la maison, tout l'étain et d'autres objets sont sortis pour être astiqués, ce qui met une fois de plus la maison en désordre, ce dont je suis fort mécontent. A mon bureau pour écrire mon journal, puis rentré et au lit.


                                                                                                        8 Novembre

            Toute la matinée réunion au bureau, ensuite dînai seul à la maison, puis de nouveau au bureau jusqu'à 9 heures, répugnant à rentrer, la maison étant très sale et ma femme chez mon frère. Rentré et au lit.


                                                                                                        9 Novembre
                                                                                      Jour du Seigneur   
            Resté au lit seul un moment à réfléchir à ce que je pourrai invoquer demain auprès du Duc, si l'occasion se présente, en faveur de la chambre où je couche, à l'encontre de sir John Mennes. Puis levé et après ma toilette, à pied, chez mon frère, m'arrêtant dans nombre d'églises, et puis jusqu'au Temple, où j'écoutai une petite partie de l'office et remarquai que dans les rues et les églises, le dimanche est observé aussi bien qu'il ne l'a jamais été. Puis dînai chez mon frère. Il n'y avait que lui, ma femme et moi. Allai ensuite voir Mr Moore qui va assez bien. Nous allâmes à St Gregory où je manquai faire une grosse chute dans l'escalier de la tribune. Allai donc sur un banc et j'entendis l'excellent sermon du Dr Ball, quoique moins bon que je l'espérais, ce qui est généralement le cas. Puis rentrai avec Mr Moore à son cabinet et après avoir causé un moment, rentrai à la maison à pied et restai avec sir William Batten jusque tard le soir, et avec sir John Mennes. Nous nous entretînmes longuement et fort bien de voyages faits autrefois par des commandants de navires et des officiers de marine. Rentrai et au lit, l'esprit libre de tout souci, sauf en ce qui concerne ma chambre que je crains de perdre.


                                                                                                             10 Novembre 1662
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Image associée            Levé de bonne heure, mis mes ouvriers au travail puis allai un peu au bureau, puis avec sir John Mennes et sir William Batten en voiture à Whitehall, voir le Duc. Il nous fit entrer quand il eut fait sa toilette. C'est là, dans son cabinet que vint milord le général Monck qui parla avec le Duc en particulier, de faire parcourir aujourd'hui la Cité aux gardes du corps, seulement pour les impressionner et leur faire peur. Je vois que de grandes alarmes se répandent. Tout cela me tracasse. Lui parti nous nous mîmes aux affaires de la Marine, entre autres, comment payer le désarmement de la flotte arrivée du Portugal. Le roi du Portugal la renvoya n'en ayant plus besoin. Sommes étonnés que sa situation est si vite changé. Nos troupes terrestres rentrent aussi, ayant manqué mourir de faim dans ce pays pauvre.
            Passai ensuite chez milord Sandwich qui était absent, puis à la Grand-Salle où c'était la pleine session des tribunaux. Je vis là beaucoup de monde pour affaires. Entre autres mon cousin Roger Pepys, d'accord pour transiger avec mon oncle Thomas, ce que je souhaite aussi si les conditions sont équitables.
            De là, par le fleuve puis par terre chez milord Crew, dînai là avec son frère, je ne sais pas son nom. Excellente conversation. Entre autres l'intention de la France de créer un patriarche à elle, indépendant du pape, ce qui permettra au roi de France de tenir tête à l'Espagne dans tous les conciles, ce dont il ne fut jamais capable. Milord Crew nous raconta qu'il avait entendu milord de Holland dire que quand il était ambassadeur pour le mariage l'actuelle reine mère, le roi de France exigea qu'il y eût une dispense du pape, et comme milord Holland faisait des réserves et disait qu'il avait ordre de ne rien concéder qui fût au détriment de notre religion, le roi de France dit alors :
            - Vous n'avez pas lieu de craindre cela, car si le pape ne veut pas donner de dispense pour ce mariage, c'est mon évêque de Paris qui la donnera. 
            Au bout d'un moment arrive le grand Mr Swynfen, parlementaire qui, entre autres propos sur la grandeur et la décadence des familles, nous parla de l'évêque Bridgeman, frère de sir Orlando. Il a récemment acheté un château qui appartint autrefois aux Lever et puis aux Assheton. Dans le vitrail de sa grand-salle ( il a restauré et embelli le château ) il a fait réserver quatre places pour les armoiries. Dans l'une il a mis les armes des Lever, avec cette devise, Olim. Dans une autre celles des Assheton avec celle-ci, Heri. Dans la suivante, les siennes, avec ceci, Hodie. Dans la quatrième rien que cette devise Cras nescio cujus.
            Puis me dirigeai vers le domicile de mon frère, rencontrai Jack Cole dans Fleet Street, et nous allâmes chez sa cousine Mary Cole, que je n'ai pas revue depuis son mariage. Nous bûmes une pinte de vin et eûmes une bonne conversation. Je le trouve un peu imbu de lui-même, mais il a des qualités et on peut par lui connaître les humeurs de la Cité, car il est très répandu et sait comment vont les choses. Je veux le cultiver pour cela.
            Chez mon frère pris ma femme et l'emmenai à Charing Cross où je lui montrai les mouvements italiens, fort semblables à ceux que je lui fis voir il y a quelque temps dans Covent Garden.. Ces marionnettes valent un peu mieux mais leurs mouvements pas du tout. Puis en voiture chez milord et cachant ma femme avec Sarah en bas, je montai et entendis de la musique avec milord et m'entretins ensuite avec lui en tête à tête, et lui dis adieu. En bas, ayant fait appeler Mr Creed, je voulais faire voir à ma femme une pièce de théâtre donnée en présence du roi, mais il était si tard que ce n'était plus possible. Nous prîmes donc une voiture et emmenant Sarah chez mon frère avec leurs affaires de nuit, nous allâmes à la maison. Et allai à mon bureau pour régler des affaires, rentrai et allai au lit.
            Ce matin, dans le cabinet du Duc, sir John Mennes me fit part de son souhait concernant ma chambre, sujet dont je remis à plus tard la discussion. L'aménité de ses propos m'ôte un poids et me fait espérer que je pourrai rester en l'état et trouver un moyen quelconque de le satisfaire, sans trop savoir quoi.
            La Ville, me dit-on, est fort mécontente et tout le monde est au courant du bâtard que le roi a eu de Mrs Haslerigg. D'après ce que je peux savoir la Ville ne se résignera jamais au régime épiscopal. Ils sont si inflexiblement en faveur du régime presbytérien, et les évêques se conduisent avec tant d'arrogance qu'ils n'ont guère de chance de convaincre jamais personne.
         

                                                                                                         11 Novembre

            Toute la matinée réunion au bureau, puis dînai avec ma femme et retour au bureau où Mr Bland a passé un bon moment me racontant des choses bien intéressantes sur le commerce, et n'était que le tracas de ma maison m'en empêche cruellement, j'y consacrerais quelque soin. Dans la soirée comme ces trois ou quatre derniers soirs j'ai étudié un peu d'arithmétique. J'ai grand plaisir à me sentir faire des progrès. Puis rentrai, souper et au lit.


                                                                                                            12 Novembre
                                                                                                                            musee-orangerie.fr
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            A mon bureau la plus grande partie de la matinée après avoir été au milieu de mes peintres et avoir renvoyé Mr Shaw et Hawley venus me rendre visite. Shaw, me semble-t-il est depuis peu remarié avec une riche veuve. A midi dînai à la maison avec ma femme. Puis, comme convenu avec ma femme, arrivent deux jeunes dames que connaît le frère de ma femme et qui désirent entrer au service de dames, et qui offrent leurs services à ma femme. La plus jeune, en vérité, possède une jolie voix et chante très bien, outre d'autres qualités, mais, je le .crains, a été trop librement élevée pour ma famille, et je crains de regrettables dépenses et que ma femme n'en prenne à son aise, ce que je veux éviter jusqu'à ce que ma bourse soit mieux garnie. Mais j'avoue que cette demoiselle assez belle et qui sait chanter, me donne bonne envie d'elle.
            Je les emmenai ensuite en voiture chez des amis à elles dans Lincoln's Inn Fields. J'allai ensuite au Temple au cabinet de mon cousin Roger Pepys où mon oncle Thomas et son fils Thomas nous retrouvèrent. J'avais espoir qu'ils auraient été d'accord pour faire terminer l'affaire par mon cousin Roger, mais ils veulent deux étrangers pour les représenter contre deux pour moi, nous nous sommes donc quittés sans rien décider tant qu'ils ne m'auront pas donné le nom des arbitres qu'ils se choisissent.
            Je rentrai à pied, m'arrêtant un moment dans l'enclos de Saint-Paul, et je remercie Dieu d'arriver à lire sans acheter un seul livre, quoique j'en aie bonne envie. Puis à la taverne du Dauphin près de chez moi, comme convenu, où je retrouvai Wade et Evett, et nous décidâmes de faire encore une tentative de découverte, et que Dieu puisse nous donner un meilleur résultat que dans l'autre. Mais je me tiens pour assuré  que ces gens ne trompent pas et qu'ils agissent en connaissance de cause, bien qu'ils aient pu se tromper sur le premier emplacement.
            De là, sans avoir bu une goutte de vin, à mon bureau où j'achevai, bien que tard, mon catalogue de prix des mâts depuis douze ans en vue d'en acheter un à Wood. Et je le reliai en papier marbré pour en faire un registre qui me sera utile. Puis rentrai et souper et au lit. Un peu avant et après notre coucher nous avons longtemps discuté et disputé sur le fait que ma femme prenne quelqu'un. Je me montrai très fâché qu'elle soit allée si loin sans réfléchir et sans me consulter. Et m'endormis.


                                                                                                             13 Novembre
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Résultat de recherche d'images pour "turner peintre anglais"            Levâmes, et recommençâmes notre querelle et je fâchai sérieusement ma femme qui, il est vrai, vit très seule. Mais je vois bien que c'est le manque d'ouvrage qui lui fait, comme à tout le monde, imaginer des façons de passer son temps de plus regrettable manière, et je le dois à mes travaux d'aménagement, qui ne lui permettent d'entreprendre aucun ouvrage, parce que la maison fut                                                    et est encore très sale.
            Au bureau en réunion et je dînai avec ma femme de mauvaise humeur à midi, puis à mon bureau. Cet après-midi a eu lieu notre première réunion de la commission d'inspection de la Caisse ( caisse de retraite ). Se réunirent John Mennes, sir Francis Clerke, Mr Heath avocat du duché, Mr Prynne, sir William Rider, le capitaine Cocke et moi. Nous commençâmes par lire la charte, un arrêt de la chancellerie de 1617, à la suite d'une enquête faite à Rochester sur les revenus de la Caisse, fixés alors depuis 1588 ou 1590, sur l'avis du lord Grand Amiral et des officiers de haut rang d'alors, avec le consentement des marins, à savoir un versement effectué par eux de 6 pence par mois, selon leur salaire qui n'était alors que de 10 shillings et est maintenant de 24 shillings.
            Nous ajournâmes à quinzaine et je me rendis chez sir William Penn qui va maintenant assez bien mais reste au lit, il ne peut se tenir debout. Puis à mon bureau tard. Cet après-midi ma femme, tant elle est fâchée, m'a écrit une lettre dont je ne sais que faire, la lire ou non. Mais j'ai dessein de ne pas la lire et de la brûler devant elle, pour mettre fin à d'autres manifestations de cette sorte. Mais il faut que je pense à une façon ou bien de lui trouver quelqu'un qui lui tienne compagnie, ou bien de lui donner de l'ouvrage et par le travail occuper ses pensées et son temps. Ayant fait ce que j'avais à faire, je rentrai souper. Je me montrai très maussade avec ma femme et allai me coucher et dormir, bien qu'à grand-peine étant fort tracassé, sans lui dire un seul mot.


                                                                                                           14 Novembre 1662

            Elle s'est mise à parler le matin et à se raccommoder avec moi pensant que j'avais lu sa lettre qui, je le vois à ses propos, était pleine de bonnes intentions et indiquait pourquoi elle désirait une suivante et quelle menue dépense elle voulait que ce me fût. Je me mis donc à la raisonner pleinement et clairement et elle à discuter vertement, me disant de la chasser et de prendre une des Bowyer si elle ne me plaisait pas. Je résolus donc que, quand la maison serait prête, elle ferait l'essai de cette femme pour un temps. La vérité c'est que c'est moi qui ai envie qu'elle vienne car elle connaît la musique et la danse. Je me levai et fus parmi mes peintres toute la matinée. Son frère survenant je lui dis clairement mon intention et il m'assura qu'elles étaient, les deux soeurs, très modestes et très pauvres et que celle que nous aurons se comporterait ainsi. Je me trouvai donc fort satisfait et passai une partie de la matinée à mon bureau puis rentrai dîner. Ensuite, Sarah se montra mécontente de l'arrivée de cette femme alors je me mis dans la chambre de ma femme et lui dis que ce n'était pas par manque de bienveillance envers elle. Mais ma femme arriva et je vois qu'elle n'est pas réconciliée avec elle, quelle qu'en soit la raison, et je vois que je ne pourrai pas la garder, bien que ce soit une servante aussi bonne, seulement un peu irritable, que je peux le souhaiter, et une servante estimable. Elle demanda donc l'autorisation de partir chercher une place, ce qu'elle fit. Ce qui me tracasse et je me querellai grandement avec ma femme sur ce point. Puis réunion à mon bureau cet après-midi, et allai écrire la réponse à une grande lettre de milord le trésorier. Puis rentrai souper.



                                                                                                             15 Novembre

            Toute la matinée réunion au bureau. Dînai agréablement à la maison avec ma femme, puis avec mes peintres. Allai ensuite voir mes avocats en droit civil pour le procès avec mon oncle, puis rentrai et j'ai vu mes peintres terminer ma maison ce soir, ce qui m'est une grande joie. Puis travaillai à mon bureau jusqu'à 10 heures du soir et rentrai souper. Après avoir lu une partie de Bussy d'Amboise, bonne pièce que j'ai achetée aujourd'hui, au lit.


                                                                          à suivre........

                                                                                                16 Novembre 1662
                                                                                     Jour du Seigneur
            Vers 3 heures du matin.........







         


                                                                                                                   

            
         


                                                                   

            

dimanche 29 octobre 2017

Zaha Hadid Margherita Guccione ( Document Italie )

 
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                                                     Zaha Hadid

            Née irakienne, étudiante à Beyrouth où elle obtient un diplôme en mathématiques, Zaha Hadid poursuit des études en architecture à Londres à l'Architectural Association School où elle enseigne puis collabore au Metropolitan Architecture avant de créer sa propre agence, à Londres en 1979. Dans ce bel album édité tout d'abord à Milan, on découvre de nombreuses photos de nombre des réalisations de la grande architecte, aujourd'hui reconnue mais non sans avoir connu des difficultés à s'imposer. En 2004 elle est lauréate du prestigieux Pritzker Prize. Visionnaire on reconnaît son travail exceptionnel . Artiste elle aimait les avant-gardistes. Linéaire et aérien sont les principaux traits de l'art de Zaha Hadid qui fut une admiratrice de l'architecte brésilien Oscar Niermeyer. Elle approfondit son travail en puisant chez Mondrian entre autres peintres. Les réalisations très importantes de la grande architecte irako-anglaise sont visibles à Milan, à Shangaï, En Espagne, en France et un peu partout sur la planète, Zaha Hadid a conçu de nouveaux lieux pour les plus grandes entreprises. Elle est morte au printemps 2016 à Miami. Ce bel album nous rappelle qui elle fût, la genèse de son évolution, assorti de belles et nombreuses photos.

vendredi 27 octobre 2017

Relligio Hugo ( Poème France )

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                                              Relligio

            L'ombre venait ; le soir tombait, calme et terrible.                                   koreus.com 
Résultat de recherche d'images pour "coucher de soleil"            Hermann me dit : - Quelle est ta foi, quelle est
                                                                               ta bible ?
                        Parle. Es-tu ton propre géant ?
            Si tes vers ne sont pas de vains flocons d'écume,
            Si ta strophe n'est pas un tison noir qui fume
                        Sur le tas de cendre Néant,                                                           

            Si tu n'es pas une âme en l'abîme engloutie,
            Quel est donc ton ciboire et ton eucharistie ?
                        Quelle est donc la source où tu bois ?
            Je me taisais ; il dit : - Songeur qui civilises,
            Pourquoi ne vas-tu pas prier dans les églises ? -
                       Nous marchions tous deux dans les bois.

            Et je lui dis : - Je prie. - Hermann dit : - Dans
                                                                           quel temple ?
            Quel est le célébrant que ton âme contemple,
                        Et l'autel qu'elle réfléchit ?                                                           fr.123rf.com 
Résultat de recherche d'images pour "coucher de soleil "            Devant quel confesseur la fais-tu comparaître ?
            - L'église, c'est l'azur, lui dis-je ; et quant au 
                                                                           prêtre... -
                     En ce moment le ciel blanchit.

            La lune à l'horizon montait, hostie énorme ;
            Tout avait le frisson, le pin, le cèdre et l'orme,
                        Le loup et l'aigle, et l'alcyon ;
            Lui montrant l'astre d'or sur la terre obscurcie,
            Je lui dis : - Courbe-toi, Dieu lui-même officie,
                        Et voici l'élévation.

                                                                               Marine-Terrace, octobre 1855

                                                               Victor Hugo